Le record du monde vient de New Delhi en Inde. Et dans l'histoire de l'aviation civile, c'est du jamais vu, avec 470 avions achetés en même temps. Air India vient de finaliser sa commande. Privatisée l'an dernier, l'ancienne compagnie d'état a signé auprès de l'avionneur européen Airbus et de l'américain Boeing. Pour comprendre les dessous de ce contrat, entretien avec Sylvain Bosc, directeur général d'Avico, l'une des plus grandes sociétés de services aériens au monde.

RFI : Cette vente record est donc la plus grosse vente d’appareils au monde ?
Sylvain Bosc : Oui absolument ! C’est la plus grosse commande jamais enregistrée pour des avions civils. C’est une excellente nouvelle pour l’industrie aéronautique française et européenne.
Ce marché concerne les appareils mais aussi la maintenance.
Autour des avions, il y a tout un écosystème qui va se mettre en place pour pouvoir exploiter ces appareils. Avec ce contrat d’Airbus et Boeing, il y a un autre énorme contrat signé autour des moteurs CFM qui équipent aussi bien les avions européens d’Airbus que les américains de Boeing. Il va falloir entretenir ces moteurs, donc former le personnel, les mécaniciens, les ingénieurs et construire de nouveaux ateliers. Pourquoi l’Inde peut s’offrir un tel contrat ? Parce que c’est un marché gigantesque avec un marché intérieur de près d'un milliard d’habitants. Et puis ce marché a été sous-exploité jusqu’à présent. L’aviation civile va énormément se développer.
Il s’agit donc d’un gros rattrapage avec une moitié de commande d’appareils européens, l’autre moitié américaine. Les Indiens ont été malins et n’ont pas mis leurs œufs dans le même panier ?
Oui, tout à fait. Mais quand bien même. Avec une telle quantité d’avions, aucun constructeur Airbus ou Boeing n’aurait pu atteindre les délais de construction et de livraison. Cette commande est colossale.
Ce contrat a été salué par le Premier ministre indien Narendra Modi. De son côté, le président français Emmanuel Macron s’est félicité de cette vente. Les commandes d’avions permettent un affichage politique ?
C’est toujours le cas. Le commerce de l’aviation civile n’est pas une industrie comme les autres. Les compagnies aériennes sont le fleuron, le porte-drapeau d’un pays.
Leurs noms en sont la preuve ?
Oui : Air India, Air France, British Airways… En général aussi, les constructeurs aéronautiques sont des entreprises adossées aux états qui ont des activités civiles mais aussi militaires.
Des marchés qui impliquent donc de la diplomatie ?
Avec des sommes en jeu très importantes. Imaginez, un seul avion long-courrier va coûter 150 millions de dollars pièce.
Mais comment expliquez-vous ce temps pour finaliser la signature de cette commande ? Les premiers documents datent de 2014, il y a près de 10 ans...
Les contrats de l’aviation demandent toujours énormément de temps. Les délais sont toujours très longs.
Cela n’a donc rien à voir avec le marché économique indien qui a la réputation d’être très difficile à percer ? Avec cette confiance qu’il s’agit d’installer.
Alors si, vous avez raison. En Inde, c’est vrai, il y a une somme de normes industrielles et commerciales propres au pays. Des contraintes qui n’ont parfois rien à voir avec celles qui existent ailleurs dans le monde.
► À écouter aussi : L’Inde, puissance montante face à la Chine
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