Ukraine: Volodymyr Zelensky, en quête d'une issue pour le Donbass
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron le 16 avril, a porté ce message : la sécurité de l’Europe dépend de celle de l’Ukraine, à un moment où la Russie a massé des troupes le long de sa frontière. Face à la menace d’une reprise des hostilités à grande échelle dans le Donbass, l’ancien humoriste devenu président cherche une issue.

La semaine dernière, le 10 avril, il était à Istanbul pour parler coopération militaire avec le président turc. Le 16 avril dernier, en visite à l’Élysée : Volodymyr Zelensky s’active sur fond de tensions croissantes dans le Donbass.
« Zelensky établit des contacts avec les ambassadeurs du G7, fait des déclarations sur l’adhésion à l’OTAN », dit Maria Zolkina, analyste politique de l’institut DIF à Kiev qui poursuit : « Ce message a plusieurs objectifs : le premier, c’est de montrer à la Russie que l’Ukraine n’est pas seule dans ce conflit. Le deuxième a pour but de stimuler les partenaires occidentaux, d’abord les États-Unis, puis l’Union européenne, pour qu’ils soutiennent l’Ukraine. »
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Message envoyé aux États-Unis
La semaine dernière, Volodymyr Zelensky s’est rendu en personne dans le Donbass en guerre. « Il y effectivement une détérioration de la situation dans le Donbass, c’est ce que nous voyons. Nous comprenons que des snipers tirent sur nos militaires. Nous sommes en train de faire le tour des points où nous avons observé la plus grande escalade depuis le 1er janvier », déclare le président.
Treillis militaire, gilet pare-balle, casque sur la tête… Le président court d’une tranchée à une autre, accompagné d’une équipe de CNN. Une manière d’envoyer un message aux États-Unis, après le coup de fil du président américain Joe Biden qu’il a longtemps attendu. « Est-il possible que les Russes préparent une invasion ? », demande le reporter de CNN. « Bien sûr, bien sûr, répond le président ukrainien, cela peut arriver n’importe quand, ils sont prêts, mais nous aussi nous sommes prêts, parce que nous sommes chez nous. »
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« Des enfants avec des allumettes »
Il n’en fallait pas plus pour que la partie russe accuse le président ukrainien, ancien humoriste et comédien, de mener une opération de communication, à l’instar de Dmitri Kozak, représentant de Moscou dans les négociations de paix du Donbass
« Il est venu faire son spectacle intitulé : La menace militaire. Mais comme lui et son équipe n’ont pas d’expérience politique, ils jouent avec le feu. Je n’ai pas de problème à dire que ce sont des enfants avec des allumettes », assume-t-il. Irresponsable, inexpérimenté : c’est en ces termes que les officiels russes et les médias décrivent souvent le président ukrainien.
« Dur et intransigeant »
Si au début de son mandat, en 2019, Volodymyr Zelensky s’était montré plus souple et prêt à des compromis avec le président russe, il a évolué, selon le politologue ukrainien Volodymyr Fessenko.
« Poutine a été très déçu par Zelensky. Il pensait qu’il était insignifiant, jeune, inintelligent, incompétent, bref, un clown, qu’il allait pouvoir berner en deux temps, trois mouvements. Mais il n’a pas réussi », analyse Volodymyr Fessenko. « Zelensky s’est révélé dur et intransigeant dans les négociations. Zelensky est très têtu. Il s’est fixé des lignes rouges et s’y tient depuis environ un an et demi dans les discussions. Et je pense que c’est ce qui a irrité Vladimir Poutine. Depuis qu’il a commencé à s’opposer activement aux pro-russes en Ukraine, son taux de popularité a augmenté », poursuit-il.
Espoir d’une reprise de la trêve dans le Donbass
Refus de négocier la paix aux conditions fixées par Moscou, attaque contre des oligarques proches de Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky a de quoi irriter son homologue russe, qu’il n’a plus revu depuis le sommet de Paris en décembre 2019.
« On a compris qu’il n’était pas si faible que ça, à l’issue de ce sommet de Paris. En Ukraine, les journalistes, les experts, et moi-même d’ailleurs, nous étions très inquiets, parce que c’était évident qu’il n’était pas prêt pour de telles rencontres », raconte Maria Zolkina. Puis elle ajoute : « Il avait alors très envie de se mettre d’accord avec la Russie. Il pensait qu’une discussion en face à face pourrait avoir des résultats. Mais il n’a franchi aucune de ses lignes rouges et l’Ukraine est sortie plutôt la tête haute de ce sommet de Paris. »
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Cette fois, Volodymyr Zelensky est reparti de Paris avec l’espoir d’une reprise de la trêve avec les combattants pro-russes la semaine prochaine. Il a une nouvelle fois appelé à l’organisation d’un sommet avec Vladimir Poutine, sous médiation franco-allemande. Quant à ses appels du pied à rejoindre l’OTAN, l’Élysée préfère pour l’instant éluder la question.
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