Petr Pavel, un ancien «para» candidat à la présidence tchèque
Publié le :
Il a promis s’il est élu de « rétablir l’ordre dans son pays » et de le rapprocher de l’Otan et de l’Union européenne. Ancien communiste, et ancien militaire, Petr Pavel est en bonne position pour devenir à 61 ans le prochain président de la République Tchèque. Arrivé en tête du premier tour le 14 janvier dernier, il affrontera dans une semaine l’ancien Premier ministre Andrej Babis.

Au soir du premier tour, le 14 janvier dernier, les résultats le placent en position idéale : 35,4 % des voix, tout juste devant l’ancien Premier ministre Andrej Babis. Bénéficiant a priori d’un report de voix favorable, Petr Pavel ne cache pas sa satisfaction et se voit déjà en tête du second tour qui aura lieu le 27 janvier prochain. « L’enjeu de cette campagne sera de savoir s’il y aura le chaos dans notre pays, ou le retour à l’État de droit, proclame-t-il alors, et si nous serons un pays digne de confiance pour nos alliés. » Une déclaration martiale pour cet ancien « para » qui a fait toute sa carrière au sein de l’armée tchèque.
« Il a gravi les échelons de l’armée jusqu’au poste de chef d’état-major, qu’il a occupé entre 2012 et 2015 », détaille Jana Vargovčíková, chercheuse à l’Institut national des langues et civilisations orientales. « Ensuite, il a été proposé par le gouvernement tchèque pour être président du Comité militaire de l’Otan, poste qu’il occupe durant trois ans avant de prendre sa retraite en 2018. À l’époque déjà circulaient des rumeurs sur ses volontés de se porter candidat à la présidentielle. »
► À écouter aussi : Présidentielle en République Tchèque : «Un second tour incertain mais Pavel est favori»
Un « héros de guerre » décoré par la France
Parmi ses faits d’armes, il y a cet acte de bravoure, en 1993, pendant la guerre de Bosnie. Alors officier de l’armée tchèque, Petr Pavel parvient à évacuer une unité de soldats français assiégés par les forces serbes et croates. Un épisode qu’il ne cesse de mettre en avant durant la campagne électorale. Mais dans le passé du « général », comme on le surnomme dans son pays, il y a aussi un épisode beaucoup moins glorieux. « C’est surtout son passé militaire d’avant 1989 qui est discuté : son adhésion au Parti communiste et sa volonté de devenir agent des renseignements militaires à la fin des années 1980, donc très peu avant la chute du régime communiste. »
Un passé trouble que Petr Pavel attribue au contexte de l’époque – il était impossible selon lui de faire carrière dans l’armée sans afficher sa loyauté au régime. « Il a réussi à minimiser le poids de ce facteur dans les choix des électeurs, qui sont pourtant historiquement anticommunistes, note la maîtresse de conférence à l’Inalco. Et il y est parvenu en reconnaissant son erreur, en s’excusant publiquement et en avouant ce passé très en amont dans la campagne. »
► À lire aussi : Petr Pavel, Danuse Nerudova, Andrej Babis, les trois favoris de la présidentielle tchèque
Un front « anti-Babis »
Au second tour, les 27 et 28 janvier prochains, Petr Pavel affrontera l’ancien Premier ministre Andrej Babis, une personnalité controversée, accusée de dérive populiste. Un « danger pour la démocratie » aux yeux d’un certain nombre de partis politiques qui tous vont se rallier derrière l’ancien militaire. « Pavel est le candidat de tous ceux qui veulent à tout prix éviter que Babis devienne président », explique Ondrej Horky Hluchan, chercheur à l’Institut de relations internationales à Prague.
Babis n’est pas considéré comme aussi populiste ou illibéral que Viktor Orban, le Premier ministre hongrois. Mais il est perçu tout de même comme faisant peser un risque sur l’ordre constitutionnel. Les candidats du premier tour qui ont été éliminés veulent éviter l’erreur qui a été faite il y a cinq ans, lorsque le président Milos Zeman a été élu face à un candidat plus représentatif de la démocratie libérale. Celui-ci n’avait pas obtenu suffisamment de soutien entre les deux tours, une erreur que les partis politiques hostiles à Babis ne veulent pas renouveler. On peut donc s’attendre à un ralliement massif autour de la candidature de Petr Pavel.
Les sondages de l’entre-deux-tours semblent, de fait, favorables à l’ancien militaire. Mais son élection est loin d’être jouée d’avance, car son adversaire pourrait profiter de l’inflation galopante et de la crise économique traversée par le pays pour galvaniser son électorat de base. Un électorat plus âgé, plus rural et plus défavorisé que celui de Petr Pavel.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne