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Kyriákos Mitsotákis, le «Macron grec»?

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Avec près de 41% des suffrages, le parti conservateur grec Nouvelle Démocratie a largement remporté les élections législatives dimanche 21 mai. Une victoire qualifiée de « séisme politique » par son dirigeant, le Premier ministre sortant Kyriákos Mitsotákis. Héritier d'une importante dynastie politique en Grèce, Kyriákos Mitsotákis se targue d'un solide bilan économique après des années de crise. Mais sa popularité a été affectée par plusieurs scandales.

Le Premier ministre grec et leader de la Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, prononce un discours au siège de son parti à Athènes, en Grèce, le dimanche 21 mai 2023.
Le Premier ministre grec et leader de la Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, prononce un discours au siège de son parti à Athènes, en Grèce, le dimanche 21 mai 2023. AP - Thanassis Stavrakis
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L’économie est un thème cher aux yeux du libéral Kyriákos Mitsotákis. Le 15 mai 2023, en pleine campagne pour les élections législatives, il disait espérer que « les quatre prochaines années soient des années de croissance rapide pour la Grèce, mais une croissance qui limitera également les inégalités et qui garantira que nous nous concentrions sur le soutien aux personnes les plus vulnérables ».

Après quatre années sous la direction de Kyriákos Mitsotákis, l’économie grecque semble se porter de mieux en mieux avec une croissance de près de 6% l’an dernier. Des résultats honorables après des années de crise, selon Georges Prevelakis, professeur émérite de géopolitique à l'Université de la Sorbonne à Paris : « Il a hérité d’une situation extrêmement difficile à cause de la crise économique et de la politique d’austérité. Et il a mené une politique avec des résultats évidents : un taux de croissance, une diminution du chômage… Bien sûr, il reste encore du chemin à parcourir. Les salaires sont encore très bas. Ce sont donc les pistes de son programme. »

Image de technocrate

Issu de la finance et ancien du cabinet de conseil McKinsey, le Premier ministre grec renvoie une image de technocrate, parfois jugé arrogant. Les éditorialistes du pays le surnomment même le « Macron grec ». Les deux dirigeants présentent toutefois quelques différences, souligne Joëlle Dalègre, professeure à l'Institut national des langues et civilisations orientales : « Je suppose que la comparaison avec Emmanuel Macron vient du fait que ce soit quelqu’un de surdiplômé, de jeune pour un homme politique, et qui a aussi longtemps travaillé dans une grande banque avant de se lancer dans la vie politique. L’une des grosses différences est qu’il est tout de même né dans la politique : il est un héritier de la politique et a été élevé pour cela. »

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Le père de Kyriákos Mitsotákis a lui aussi été Premier ministre dans les années 1990. Mais malgré la tradition centriste de sa famille, l'actuel dirigeant a intégré à Nouvelle Démocratie d'anciens politiciens du parti d’extrême droite LAOS. « Je vois que l’on présente très souvent Mitsotákis comme un homme politique de droite, ce qui est tout à fait faux, car il vient d’une famille de centristes », nuance Georges Prevelakis. Pour lui, ces rapprochements avec l’extrême droite ne font pas du Premier ministre un homme de la droite dure pour autant. « Il est vrai que tout parti, évidemment, essaye de rassembler des gens plus à droite, et d’autres plus à gauche. Autrement, on ne peut pas gagner les élections. Dans le cas de Mitsotákis, il est tout à fait clair que Nouvelle Démocratie penche plutôt vers le centre. »

Victorieux malgré son impopularité

C'est avec cette formation que le Premier ministre a arraché une écrasante victoire aux dernières législatives. Preuve que les électeurs n'ont pas sanctionné Kyriákos Mitsotákis dans les urnes, lui qui a vu son mandat émaillé de plusieurs scandales. Il a d’abord dû surmonter une affaire d'écoutes téléphoniques de journalistes, cadres politiques et dirigeants économiques. Un scandale qui a impliqué son propre neveu.

Plus récemment, Kyriákos Mitsotákis a dû affronter la colère provoquée par la catastrophe ferroviaire de Larissa. Ce drame, qui a fait 57 morts en février, a donné lieu à des manifestations contre le gouvernement, accusé de négligence. « J’ai l’impression que les électeurs sont un peu résignés. Ils savent très bien que la mauvaise gestion des trains s’étale sur quasiment 20 ans. Il en est donc pour l’instant le responsable, mais les autres ont eu leur part de responsabilité auparavant, relève Joëlle Dalègre. En ce qui concerne les écoutes téléphoniques, beaucoup pensent qu’il y avait déjà des écoutes téléphoniques précédemment, et qu’en définitive ce n’est pas bien, mais qu’il n’est pas tout seul ».

Le Premier ministre a désormais les yeux rivés vers le prochain scrutin législatif. Car à la différence d'Emmanuel Macron, Kyriákos Mitsotákis n'entend pas se contenter d'une majorité relative au Parlement. Il a convoqué de nouvelles élections fin juin, cette fois avec d'autres règles qui octroient un bonus au parti arrivé en tête. Cette prime au sortant peut s’élever jusqu'à 50 sièges supplémentaires. Kyriákos Mitsotákis fait d’ores et déjà figure d'ultrafavori pour ce second tour.

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