Le grand invité Afrique

Franck Riester: «On veut renouveler la façon dont on opère en Afrique»

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Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité, Franck Riester était en visite au Nigeria mardi et mercredi, pour promouvoir un partenariat à la fois « global » et « durable » entre la France et le Nigeria, dans tous les secteurs de l'économie. 

Franck Riester, ministre chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité dans les les studios de RFI, le 07 septembre 2020.
Franck Riester, ministre chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité dans les les studios de RFI, le 07 septembre 2020. © RFI
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RFI : Vous êtes en charge de booster le business tricolore sur le continent. Cela passe forcément par le Nigeria ?

Franck Riester : Oui notamment, parce que c’est la plus grande économie du continent, parce qu’il y a déjà de nombreuses entreprises françaises qui sont installées ici, au Nigeria, parce qu’il y a un certain nombre d’entrepreneurs nigérians qui veulent aussi travailler davantage avec les Français… Et donc oui, on a de nombreux secteurs d’activité, où les entreprises françaises, grands groupes, PME (petites et moyennes entreprises, ndlr) ou ETI (entreprise de taille intermédiaire, ndlr) peuvent apporter des solutions aux besoins de ces entreprises nigérianes et du public nigérian. Donc je voulais montrer que la France avait une multitude de secteurs dans lesquels elle excelle et sur lesquels on peut faire davantage -il me semble- ici, au Nigeria, et aussi entre partenariats, entre Nigérians et Français. Parce qu’on veut renouveler la façon dont on opère en Afrique, on veut être dans des échanges beaucoup plus sur le long terme, dans des relations gagnant-gagnant, ce qui permet vraiment de démontrer qu’on n’est pas là simplement pour exporter des produits, mais qu’on est là pour bâtir des partenariats sur le long terme.

Le groupe nigérian BUA a signé, l’année dernière à Paris, un contrat avec une entreprise française, pour la construction d’une future raffinerie dans l’État d’Akwa Ibom. Où en est-on de ce projet ?

On en est à la deuxième phase, qui va conduire au contrat de licence. Il y a déjà eu une première phase de définition du projet, qui a été réalisée par une société française qui s’appelle Axens. L’enjeu ici, au Nigeria, c’est de produire sur place, c’est de transformer sur place. On peut constater aujourd’hui, que le pétrole est exporté dans un certain nombre de pays et revient raffiné, ici au Nigeria. Pourquoi ne pas raffiner directement au Nigeria ? Donc les entreprises françaises participent à ces choix ambitieux que font les investisseurs nigérians, comme le groupe BUA et monsieur Abdul Rabiu, c’est une fierté pour nous.

Les vingt dernières années, la France a perdu du terrain, la moitié de ses parts de marché en Afrique. Quels sont, selon vous, les pistes, aujourd’hui, pour un repositionnement commercial sur le continent ?

Encore une fois, on souhaite être sur des partenariats de plus long terme. On souhaite être sur l’économie, mais pas simplement sur l’économie. Parce que, tout se joue aussi sur la formation, tout se joue sur la recherche, l’innovation, sur les partenariats universitaires, sur la culture et les arts. Parce que nous considérons que c’est cette approche globale qui nous permettra de renforcer nos parts de marché et renforcer notre présence et notre influence, aussi. D’autre part, on ne veut pas se restreindre à l’Afrique francophone. Nous voulons aussi nous développer en Afrique anglophone, subsaharienne. Enfin, nous voulons miser sur la société civile et notamment la jeunesse. Nous allons organiser, à la demande du président de la République, un sommet Afrique-France, à Montpellier, au mois de juillet. On va faire venir des artistes, des étudiants, des chercheurs, des universitaires, des entrepreneurs africains… On va les faire rencontrer leurs homologues français et il y aura des échanges. C’est comme cela, à notre avis aussi, que l’on arrivera à retrouver une présence française forte, en Afrique, mais d’une façon différente de ce que cela a pu être, bien évidemment.

Pour réduire l’impact de la crise sanitaire sur les économies du continent, le G20 a suspendu il y a un an le paiement de la dette de plusieurs pays africains. Ce moratoire arrive à échéance. Sa prolongation sera-telle discutée lors du sommet sur le financement des économies africaines, qui se tient prochainement à Paris ?

On y travaille. Un certain nombre de décisions sont en train d’être prises et ce sera aussi au cœur des discussions du sommet du 18 mai, à Paris. Et l’idée, vraiment encore une fois, c’est que cette dette soit considérée d’une façon beaucoup plus durable, d’une façon beaucoup plus équitable, que cela ne l’est aujourd’hui. Pour cela, il faut rassembler tous les bailleurs, les bailleurs institutionnels, les bailleurs souverains… C’est toute l’ambition de ce sommet, pour que cette dette ne soit plus un fardeau qui peut être parfois un handicap considérable pour le développement de ces pays, mais au contraire, une force au service de leur développement. Là l’enjeu que l’on aura, c’est d’abord, de réussir le sommet et que les engagements qui seront pris soient respectés dans l’avenir.

Il y a quinze mois, Emmanuel Macron et le président ivoirien Alassane Ouattara ont acté la fin de la relation institutionnelle entre la Banque de France et le franc CFA ; et la transformation du franc CFA en éco. Cette annonce n’avait pas été du goût des pays anglophones, membres de la Cédéao ni du Nigeria. Avez-vous abordé ce sujet avec vos interlocuteurs et que leur avez-vous dit, si c’est le cas ?

Cela n’a pas été abordé, mais c’est le choix des pays qui ont transformé le CFA en éco. Nous sommes favorables à toute action qui permettrait de renforcer les partenariats entre ces pays. Je suis tout à fait satisfait de la zone de libre-échange africaine (Zlecaf, ndlr), qui est, à notre avis, un formidable atout pour le continent, pour développer son économie. Et si demain il y a des partenariats plus forts en matière monétaire, je pense que cela irait aussi dans le bon sens, mais c’est le choix des Africains.

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