Oria Vande Weghe: «L’OIF n’a pas vocation à retirer le sommet à un pays qui l’a obtenu des États membres»
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C'est officiel : la Tunisie accueillera bien le 18eme sommet de la Francophonie. L'information est confirmée par l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). L'événement se tiendra comme prévu les 19 et 20 novembre prochains sur l'île de Djerba. Il sera l'occasion de célébrer le cinquantenaire de l'organisation, reporté à deux reprises : la première fois en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19 ; la deuxième fois en 2021, en raison de la situation politique en Tunisie. Une délégation de l'OIF s'est rendue sur place du 6 au 9 septembre pour constater l'avancée des préparatifs de l'événement. Oria Vande Weghe, Directrice de la Communication et Porte-parole de la Secrétaire générale de l'OIF Louise Mushikiwabo, était sur place. Elle est l'invitée Afrique de Clémentine Pawlotsky.

La Tunisie est-elle prête pour accueillir ce sommet ?
Oui, nous sommes arrivés avec une grosse délégation technique de l’OIF à Djerba. Effectivement c’est une visite très importante parce qu’on a entamé un peu la dernière ligne droite pour les préparatifs de ce 18eme sommet qui aura donc lieu les 19 et 20 novembre prochain. Les premières impressions sont très positives, les travaux, les aménagements ont beaucoup avancé depuis la dernière visite, et il y a énormément de travail de préparation qui a déjà été fait.
Ce 18eme sommet de la Francophonie a déjà été reporté à deux reprises. C’est un soulagement pour vous qu’il puisse enfin se tenir ?
Bien entendu, c’est un moment très important et on a hâte que ce sommet ait lieu. Vous savez qu’on a célébré les 50 ans de la Francophonie en 2020, c’est un sommet très important qui vient quatre ans après le début du mandat de la secrétaire générale Louise Mushikiwabo qui n’a donc pas eu de sommet à mi-mandat et donc c’est vraiment un moment important, oui.
Jusqu’à la dernière minute, il y a eu quand même beaucoup de rumeurs et de spéculations sur le maintien ou non de ce sommet en Tunisie. Des pays comme le Canada ont notamment exprimé leur réticence à cause justement du virage autoritaire pris depuis un an par le président tunisien Kaïs Saïed. Est-ce que ça veut dire que la France et le Canada ont clairement donné leur aval pour que ce sommet soit finalement bien organisé en Tunisie ?
C’est vrai qu’il y a des réticences qui ont été exprimées dans la presse, notamment par certains pays dont ceux que vous avez mentionné. Mais il faut bien garder à l’esprit que la Francophonie, l’OIF, est un secrétariat des Etats membres de la Francophonie et que donc toute décision d’annulation, de report, ou de délocalisation devrait normalement passer par une décision des Etats membres, lors des instances de la Francophonie. Or malgré les réticences qui ont été exprimé, que vous avez pu voir dans certains médias, il n’y a pas eu de décision d’annulation, ni de report, et donc on avance dans les préparatifs.
Ce qui veut dire donc que la France et le Canada ont clairement donné leur aval ?
Comme je vous dis, cette discussion n’a pas été vraiment soulevée, ni dans un sens ni dans l’autre, et donc tout porte à croire qu’effectivement on est en marche vers le sommet.
Mais le choix de la Tunisie n'est-il pas contraire aux valeurs de l’OIF, parce que sur son site internet l’OIF se décrit quand même comme un acteur de paix et de la démocratie ?
Oui alors ce que je peux vous dire, c’est que déjà le choix de la Tunisie s’est fait il y a plusieurs années. La Tunisie a « obtenu » le sommet de la Francophonie, si je ne dis pas d’erreur, lors du dernier sommet de la Francophonie, donc ce n’est pas un choix qui s’est fait cette année ou l’année précédente. Donc voilà, je pense qu’il y a effectivement des pays qui passent par des phases compliquées, et pour l’instant s’il devait y avoir une décision de délocaliser le sommet par rapport à la situation, ce serait une décision des Etats membres.
Oui, parce qu’il est quand même écrit noir sur blanc sur le site de l’organisation internationale de la Francophonie, que « l’OIF contribue à une vie politique apaisée, au renforcement des institutions de l’état de droit, et au respect des droits de l’Homme ». On observe depuis un an tout le contraire en Tunisie, avec notamment la dissolution du Parlement, le referendum aussi pour modifier la Constitution et qui renforce les pouvoirs du président Kaïs Saïed.
Comme je vous l’ai dit, l’OIF suit de près cette situation mais n’a pas vocation à retirer le sommet à un pays qui a obtenu le sommet, c’est une décision qui doit se prendre de façon collégiale par les Etats membres de cette organisation, les 54 Etats membres de plein droit, et donc on observe bien entendu ce qui se passe en Tunisie de près, mais pour l’instant en tout cas, ça n’interfère pas avec le fait que le sommet se passe ici, dans la mesure où ce sont les Etats membres qui devraient porter cette question auprès des instances de la Francophonie et trancher en faveur d’une décision qui serait différente.

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