Marie-Madeleine Rigopoulos, directrice du Festival du livre de Paris
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C'est le rendez-vous parisien des amateurs de lecture et des fans d'auteurs. Le Festival du livre de Paris ouvre ses portes ce vendredi et jusqu'à dimanche soir au Grand Palais éphémère à Paris. Un festival qui se veut international. Le pays invité cette année est l'Italie.

RFI : Vous êtes la directrice artistique du Festival du livre de Paris, la nouvelle appellation du Salon du livre. Si l’on doit résumer ce festival en quelques mots, que dirait-on ?
Marie-Madeleine Rigopoulos : On dirait qu’il y aura 1 100 auteurs en dédicaces, près de 350 auteurs en programmation, à savoir, débats, lectures, rencontres de toutes sortes... Des ateliers également. Et puis, on espère 100 000 visiteurs.
Vous vous êtes fixé un défi : la promotion de la littérature auprès des jeunes. On s’aperçoit qu’un jeune sur cinq ne lit pas. Comment faire pour attirer davantage les jeunes vers la lecture ?
Je pense qu’il faut trouver une manière de faire passer le message que le livre n’est pas un objet ennuyeux. C’est un véhicule dans lequel on peut retrouver toutes ces passions, que ce soit le sport, que ce soit le tricot, que ce soit la littérature, que ce soit la science. Et cela peut aussi, à un moment donné, devenir la littérature. L’important, c’est de faire entrer les jeunes dans des librairies et de les faire venir à des rencontres. Nous allons proposer aussi des ateliers découverte sur les métiers du livre. Qu’est-ce que la profession d’éditeur, d’illustrateur. Nous allons organiser une rencontre avec Philippe Cardona, qui va venir dessiner en direct et partager sa passion et sa vocation avec les jeunes. Il faut aller chercher des chemins de traverse et donner envie aux jeunes de s’intéresser, et de se dire « Ah, ça vaut peut-être le coup de passer le pas de la porte d’une librairie ».
Vous l’avez dit, le pays invité cette année est l’Italie. Les lecteurs français et francophones connaissent les grands noms de la littérature italienne qui ont été traduits en français : Erri de Luca, Alessandro Baricco... Combien d’auteurs italiens vont venir ? Y a-t-il aujourd’hui une vitalité de la littérature italienne ?
Une cinquantaine d’auteurs italiens environ sont invités. Il y a une vraie vitalité dans la littérature italienne. Le rapport à la culture, le rapport à la tradition, le rapport aux racines et très ancré dans les pays du Sud. On parle de sujets universels tout en restant très ancré dans son terroir.
Il y a aussi un phénomène plus récent dans la littérature italienne, peut-être plus frappante qu’en France : c’est cette capacité à parler de l’étranger. L’Italie a été longtemps une terre d’émigration, c’est devenu une terre d’immigration. Beaucoup d’auteurs mettent en phrase ces Érythréens, ces Soudanais qui arrivent en Italie. Est-ce que les Italiens sont plus sensibles à cette question migratoire que les Français ?
Je pense qu’ils sont en première ligne. Ils ont la mer à leurs pieds et les frontières juste en face. Donc, ils sont confrontés, comme les Grecs d’ailleurs, à des arrivées face auxquelles on ne peut pas détourner le regard, c’est impossible. L’écrivain ne fait pas exception et forcément, il a des choses à raconter puisqu’il est impacté.
Le Festival du livre de Paris est aussi un salon ouvert aux écrivains francophones, et notamment africains. Cette année, vous avez programmé quelques auteurs.
Il y a toujours des auteurs africains en littérature française et ils sont forcément présents dans le paysage littéraire. Et donc dans la proposition du Salon du livre de Paris. J’ai presque envie de vous dire que moi, je ne me pose même plus la question en ces termes. Je la pose en termes de littérature. Pour moi, que cela vienne du continent africain, des États-Unis, ou de Haïti, c’est la langue qui prévaut. C’est la richesse de la langue. C’est ce que cette littérature va apporter à ce qu’on appelle de façon très grandiloquente la littérature française. On a vu grâce à des gens comme Alain Mabanckou ou Dany Laferrière (qui sera d’ailleurs présent au Festival), on a vu à travers ces personnalités du monde littéraire que la langue se transformait, se poétiser. Ils le font merveilleusement bien. Et grâce à eux, la langue française est enrichie chaque année à travers les différentes productions des auteurs que l’on appelle francophones.
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