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Arnaud et Jean-Marie Larrieu: «Le Roman de Jim, c'est l'histoire d'un lien paternel assez pur»

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Qu'est-ce que la paternité ? Un film, qui sort ce mercredi 14 août en France après avoir été en sélection au dernier festival de Cannes, traite de la question avec délicatesse. Inspiré d'un roman de Pierric Bailly, le Roman de Jim raconte sur 24 ans la relation entre un homme et le fils de sa compagne, qui décidera ensuite de refaire sa vie au Canada. RFI a rencontré ses réalisateurs, deux frères : Arnaud et Jean-Marie Larrieu.

Les réalisateurs français Arnaud Larrieu (gauche) Jean-Marie Larrieu présentent leur film, «Le Roman de Jim», lors de la 77ᵉ édition du Festival de Cannes à Cannes, le 23 mai 2024.
Les réalisateurs français Arnaud Larrieu (gauche) Jean-Marie Larrieu présentent leur film, «Le Roman de Jim», lors de la 77ᵉ édition du Festival de Cannes à Cannes, le 23 mai 2024. AFP - LOIC VENANCE
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RFI : « Le Roman de Jim » [présenté à Cannes Premières cette année, NDLR], c'est l'histoire d'un lien très peu montré au cinéma, la paternité, le lien filial qui peut exister entre un homme, ici Aymeric joué par Karim Leklou, et un garçon qu'il élève comme son fils, sans qu'il n'y ait les mêmes gènes, sans qu'il y ait de papier officiel... Et qui, après, va en être privé à la suite d'une séparation... Qu'est-ce qui vous a touché dans cette histoire ?

Arnaud Larrieu : Justement, cela... Et, encore plus, la manière dont Aymeric ne veut surtout pas officialiser l'histoire. Pour lui, c'est un peu la tuer. Il a ce rapport avec ce Jim et ça lui suffit largement. Il n'anticipe pas du tout la suite, il n'anticipe pas la guerre, il ne veut pas de la guerre. Lui, il est bien avec cet enfant, voilà et ça continuera. C'est un rapport d'attachement, je pense, qui peut arriver entre n'importe qui et n'importe qui. Cela s'appelle vivre ensemble, cela s'appelle se faire à manger, cela crée toujours des liens.

Jean-Michel Larrieu : C'est peut-être pour cela que ce lien très particulier, on le voit peut-être d'autant mieux, ne se fonde ni dans le lien du sang, ni dans le lien juridique, l'adoption... Il est montré d'une manière assez pure. Alors après, c'est l'innocence du personnage que de penser que cette pureté va pouvoir être préservée au milieu de tout ce qui peut arriver dans une vie, les arrachements, l'amour qui s'éteint et surtout le retour du père naturel.

Aymeric, c'est vraiment un gentil garçon ?

Jean-Michel Larrieu : Karim, qui l'incarne, Karim Leklou, en parle assez bien. Il dit « mais, en fait, il y a beaucoup de gens comme ça qui ne se sentent pas forcément légitimes à dire "tout ça me revient" » et qui essaient de s'en sortir. Parce qu'en même temps, sa puissance, c'est qu'il avance. Il avance quand même toujours. Il essaie même de se reconstruire quand il est totalement détruit. L'autre mot qu'on aime bien, c'est quelqu'un qui « avance à vue ». Les scénarios nous font croire que les gens calculent et font des projets, mais tout de même, souvent dans la vie, on avance à vue.

Arnaud Larrieu : C'est peut-être pour ça que le film aime les gens. D'ailleurs dans la vie, on est comme ça, le reste, ce sont des représentations, la méchante, le méchant, le mec qui vient récupérer son enfant... Ce sont des clichés de récits. En réalité, nos vies sont construites plutôt comme Le Roman de Jim. C'est très aléatoire. Est-ce qu'on se fait arnaquer ou non ? On ne saura jamais.

Il y a tous les ingrédients du mélodrame, sans que ce soit appuyé dans votre film.

Arnaud Larrieu : Ils y sont les codes. Bien sûr qu'il y a les violons, mais peut-être pas au moment exact où on les attend... Le départ à la gare, au Canada, il y a les violons.

Jean-Michel Larrieu : Mais, au moment de l'émotion forte, c'est vrai qu'on les enlève toujours parce qu'on estimait que cela doit venir des personnages, donc des acteurs. On ne voulait pas faire « mélo »... Ce n'est pas de la manipulation. Il se passe des choses parce que ce sont les personnages, et les acteurs, qui les portent. 

Arnaud Larrieu : On voit les corps de tous les personnages... Et ils sont très différents, ces corps. Karim, l'enfant, Laeticia... Cela crée un réalisme qui fait que la matière n'est jamais étouffée par le genre.

J'ai une histoire qui court sur quoi ? Vingt-quatre ans ? Cela a-t-il été un défi d'écriture, l'art de l'ellipse ?

Jean-Michel Larrau : Un défi d'écriture, au scénario, puis beaucoup au montage. C'est quasiment un de nos films les plus courts. Une heure quarante sur une période de 24 ans, alors qu'en général, les récits se passent en trois-quatre jours dans nos films. Donc, c'était, effectivement, un petit peu un défi.

Le Roman de Jim, un film d'Arnaud et de Jean-Marie Larrieu.

Avec Karim Leklou, Laetitia Dosch, Sara Giraudeau, Bertrand Belin, Eol Personne, Andranic Manet.

Durée : 1 h 41, France.

Sortie en salle le 14 août.

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