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Vadym Omelchenko, ambassadeur d’Ukraine en France: «La mission que mène le président français est très délicate»

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« Tout faire pour convaincre le président russe de choisir le dialogue plutôt que l’escalade » : telle est la ligne de la diplomatie française, exprimée par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en déplacement en Roumanie, l’un des pays où l’Otan a décidé d’envoyer des renforts militaires, alors que la Russie continue de masser des troupes aux frontières de l’Ukraine. À Paris, Emmanuel Macron multiplie les coups de fils avec les partenaires européens. Après s’être entretenu dans la nuit avec Joe Biden, le président français avait un rendez-vous téléphonique avec Vladimir Poutine, puis avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il n’exclut pas de rendre à Moscou puis à Kiev très prochainement.

Carte de l'Ukraine.
Carte de l'Ukraine. RFI
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RFI : Comment cette médiation française est-elle vue par les autorités ukrainiennes ?

Vadym Omelchenko : Hier (mercredi 2 février 2022), le président Zelensky s'est adressé au Parlement ukrainien, et il a répété que l'Ukraine préférait une voie purement diplomatique pour résoudre le conflit. Et en ce sens, nous sommes très heureux que le format de Normandie se soient débloqué. Je tiens à souligner le rôle déterminant du président français, qui a initié cette réunion des conseillers ukrainien, russe, français et allemand. Cette rencontre a duré neuf heures et elle s’est achevée par la publication d’un communiqué dans lequel les parties soulignent plusieurs points importants.

Premièrement, elles constatent qu’il existe des divergences entre la Russie et l'Ukraine, mais nous devons nous rencontrer plus souvent pour résoudre ces différents.

Deuxièmement, la condition de la poursuite du dialogue, c’est un cessez-le-feu complet, ce qui est actuellement le cas. La prochaine réunion aura lieu le 10 février à Berlin.

Je voudrais ajouter que la mission que mène le président français est une mission très délicate. Nous ne doutons pas du fait que le président Macron soit attaché à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. La France est très constante dans son soutien à l'Ukraine. Le président comprend quelles sont les lignes rouges pour l’Ukraine et il a la délicate tâche de trouver un compromis pour aboutir à des négociations directes, que le président Zelensky appelle de ses vœux. Dans son adresse au Parlement, notre président a souligné que sans négociations directes entre la Russie et l'Ukraine, il sera impossible de régler cette question.

On assiste ces derniers jours à un véritable ballet diplomatique. Après les Premiers ministres britannique, polonais, néerlandais, le président turc était à Kiev ce jeudi 2 février. En quoi ces visites sont-elles importantes pour l’Ukraine et quelles assurances ces dirigeants vous ont-ils données ?

Tout d'abord, ces visites sont importantes car chacune de ces visites est un geste de solidarité avec le peuple ukrainien et un soutien aux efforts que l'Ukraine entreprend en vue d’une résolution pacifique du conflit. C'est très important pour nous et c'est pourquoi nous appelons de nos vœux une visite du président français, qui pourrait intervenir après celle du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, attendu dans les jours qui viennent.

Par ailleurs, au cours de ces visites, de nombreuses questions sont évoquées, notamment celle de l'assistance à l'Ukraine dans les domaines de la défense et de l'économie.

Les dirigeants européens qui sont venus ces derniers jours en Ukraine, viennent de pays qui livrent des armes à l’Ukraine. C’est le cas du Royaume-Uni, de la Pologne. Pour ce qui est de la France, attendez-vous des gestes supplémentaires ?

En ce qui concerne la question de la livraison d’armement et le soutien militaire, il y a, à la fois une position consolidée des pays européens et une position individuelle, des stratégies individuelles de chaque État. Certains pays annoncent publiquement ce qu’ils livrent, d’autres se bornent à dire qu’ils fournissent de l’aide et d’autres, enfin, préfèrent garder le silence.

En ce qui concerne la France, nous avons établi une liste de souhaits que nous avons soumise à l’État français, au ministère français de la Défense et au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et on nous a fait savoir que ces documents étaient en train d’être étudiés.

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