Haïti: le juge Mathieu Chanlatte devra «faire montre de beaucoup de courage»

Le doyen du Tribunal de Première instance de Port-au-Prince a désigné le juge Mathieu Chanlatte pour instruire l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse. Avec notre invitée Marie Rosy Auguste Ducéna, nous revenons sur cette désignation qui devra faire toute la lumière, plus d’un mois après le drame.

Funérailles du président haïtien Jovenel Moïse, le 23 juillet 2021. (Image d'illustration) AP - Matias Delacroix

« Le juge ne doit pas se laisser intimider », a affirmé le président de l’Association nationale des magistrats haïtiens, le juge Jean Wilner Morin. En effet, Mathieu Chanlatte aura fort à faire et risque d’essuyer des menaces, en prenant cette enquête sensible. Plusieurs juges d’instruction ont d’ailleurs déjà refusé cette désignation, craignant des représailles. « C’est un magistrat qui devra décider de faire montre de beaucoup de courage », pour notre invitée Marie Rosy Auguste Ducéna, responsable de Programmes au Réseau haïtien de défense des droits humains. Elle rappelle le contexte de l’appareil judiciaire haïtien, « qui ne fonctionne pas normalement et ne joue pas son rôle dissuasif vis-à-vis des personnes qui décident de tremper dans des actes répréhensibles ». Un appareil judiciaire décrié dans le pays notamment en raison de corruption, de trafic d’influence. Notre invitée rappelle également que le Palais de justice de Port-au-Prince est située dans une zone « considérée comme très dangereuse en ce moment ». Le juge Mathieu Chanlatte est connu notamment pour avoir instruit le dossier de l’affaire Dermalog.