L'Épopée des musiques noires

B.B King avait un neveu…

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Phillip-Michael Scales est un chanteur et guitariste de talent qui doit composer avec l’aura d’un oncle très célèbre : B.B King ! Réduire l’aventure musicale de ce brillant instrumentiste à sa lignée prestigieuse avec le "Roi du Blues" serait cependant très injuste. Bien que l’attention que lui portent le public et les médias passe souvent par le prisme de son illustre "tonton", Phillip-Michael Scales a su se distinguer en optant, au début de sa carrière, pour une tonalité rock plus en phase avec sa génération. 

Phillip-Michael Scales.
Phillip-Michael Scales. © Christian Rose
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À 35 ans, il reconnaît volontiers teinter davantage de blues son répertoire actuel comme le laisse filtrer son dernier album en date : Sinner Songwriter. Si les textes de ses chansons peuvent paraître sombres, il subsiste toujours une lueur d’espoir. Derrière des thématiques pesantes, Phillip-Michael Scales parvient à maintenir cette flamme vitale que son expressivité assume de plus en plus ouvertement. Il sait que l’enjeu est désormais de trouver sa voie entre l’absolue nécessité d’être lui-même et la transmission du patrimoine. Son duo avec le neveu de John Lee Hooker, Archie Lee Hooker, n’est pas anodin. Il serait aisé d’imaginer que cette composition, When they put me in my grave, ait été pilotée par des considérations mercantiles éhontées, mais il y a une intention beaucoup plus noble derrière cette rugueuse mélopée, c’est la volonté d’honorer les aînés et de se tourner vers l’avenir. Savoir ce que l’on léguera à sa descendance est une préoccupation légitime et Phillip-Michael Scales n’y échappe pas.

 

Phillip-Michael Scales en studio à RFI.
Phillip-Michael Scales en studio à RFI. © Christian Rose

À mi-chemin de son développement artistique, Phillip-Michael Scales doit affirmer son identité. Il s’y emploie depuis des années. Sa maturité lui permet désormais d’assumer ses choix et sa filiation avec un artiste universel. B.B King ne chercha pas à s’immiscer dans l’univers sonore de son neveu, il savait que sa notoriété planétaire pouvait nuire à son développement personnel et créatif. Cette clairvoyance préserva le jeune Phillip-Michael qui, pourtant, restait curieux d’entendre le "King of the Blues" lui conter son épopée. En 2007, à 22 ans, il enregistra d’ailleurs une de leurs conversations et la publia, des années plus tard, sur son site internet. Phillip-Michael Scales ne fanfaronnait pas en rendant public cet échange à bâtons rompus, il voulait juste témoigner et permettre aux auditeurs de comprendre la destinée d’un homme dont le statut de citoyen américain avait été maintes fois bafoué à cause de la couleur de sa peau.

Phillip-Michael Scales ne perd pas une occasion de parfaire son jeu de guitare.
Phillip-Michael Scales ne perd pas une occasion de parfaire son jeu de guitare. © Christian Rose

Sans surprise, cet entretien résonne irrésistiblement dans le répertoire de Phillip-Michael Scales. Les enseignements qu’il a tirés, peut-être inconsciemment, de ses discussions avec son glorieux aîné semblent rejaillir aujourd’hui dans ses mots et dans ses notes. Trouver l’équilibre entre la revendication d’une musicalité propre et le respect d’un héritage est un long cheminement qui se dessine progressivement et que l’on sent poindre dans les œuvres de Phillip-Michael Scales. Sinner Songwriter mérite bien plus qu’une simple écoute. Cet album requiert toute notre attention et notre compréhension. 

⇒ Le site de Phillip-Michael Scales.

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