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Gabon: «Brice Oligui Nguema est notre messie car il a changé de régime sans effusion de sang»

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Au Gabon, voilà trois mois jour pour jour que le régime d'Ali Bongo est tombé et que le général Oligui Nguema conduit une transition en vue d'élections libres promises en août 2025. Jean-François Ndongou préside l'Assemblée nationale de transition, dont les 98 députés ont tous été nommés par le nouveau chef de l'État. Que pense-t-il des dispositions de la Charte qui interdisent à tous les acteurs de cette transition d'être candidats en 2025 ? Entretien.

Brice Oligui Nguema lors de son investiture en tant que président de la transition du Gabon, à Libreville, le 4 septembre 2023.
Brice Oligui Nguema lors de son investiture en tant que président de la transition du Gabon, à Libreville, le 4 septembre 2023. © AFP
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Dans l’Assemblée nationale, il y a beaucoup de représentants de l’ancien parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG). Est-ce qu’on peut faire du neuf avec du vieux ?

Jean-François Ndongou : Il n’y a pas beaucoup de députés de l’ancien parti PDG. Sur les 98, il y a 32 députés. Donc, si on fait bien la soustraction, il reste 66 députés qui ne sont pas du parti PDG. Et pour construire une nouvelle République, telle que le souhaite le président de la République, on a besoin de toute la population. En tant que militant du PDG, je peux dire ce qui a bien marché et ce qui n’a pas marché et ce qu’on doit faire pour que le Gabon retrouve ses lettres de noblesse.

Ce qui a marqué l’ancien régime, c’est notamment la mauvaise gouvernance et la corruption. Est-ce que vous ne craignez pas que les dignitaires de l’ancien régime, qui ont survécu au putsch du 30 août dernier, ne perpétuent les pratiques du passé ?

Peut-être qu’il faut que je vous dise que moi-même j’ai eu des fonctions assez importantes dans ce pays [ministre de l’Intérieur et ministre des Affaires étrangères]. Et on peut mener des enquêtes sur mon patrimoine mobilier et immobilier, on verra que je n’ai pas un patrimoine de manière exagérée. J’ai travaillé et j’ai été rémunéré en fonction des positions que j’ai occupées. Et je reste ce citoyen assez honnête pour servir mon pays de manière très honnête. Il y a certainement des compatriotes qui ont commis des forfaits, ils doivent répondre de leurs forfaits devant la justice et les tribunaux sont en train de travailler dans ce sens.

L’une des grandes questions à venir, c’est celle de savoir qui pourra être candidat à la présidentielle de 2025. Pour l’instant, les acteurs de la transition, y compris vous-même, ne pourront pas se présenter. Qu'en pensez-vous ?

À partir du moment où j’ai été nommé après la promulgation de la charte, qui précise que les personnalités placées dans certaines positions, tel que le président de l’Assemblée nationale, ne seront pas candidates pour la prochaine l’élection à l’issue de la transition, moi j’ai accepté cela en connaissance de cause. Lorsque j’ai été nommé président de l’Assemblée nationale de la transition, je savais pertinemment que cette position m’empêchait d’être candidat à la prochaine élection présidentielle au sortir de la transition. Donc, je n’ai pas d’objection à cela, j’assume ma charge jusqu’à ce que nous arrivions aux élections.

Mais est-ce que vous n’espérez pas, comme par exemple l’actuel Premier ministre Raymond Dong Sima, que le grand dialogue national de l’année prochaine changera les règles du jeu et pourra vous permettre de devenir candidat ?

Si le dialogue national arrive à modifier les dispositions indiquées dans la charte, oui, il peut y avoir parmi nous, parmi les responsables qui accompagnent le président dans le cadre de la transition, des gens qui ont l’intention de se porter candidat à l’élection présidentielle. Mais pour ma part, je n’ai pas cette prétention. J’ai un chantier aujourd’hui, c’est de gérer l’Assemblée nationale de la transition, je m’attelle à cette tâche et je voudrais terminer ce chantier dans des conditions tout à fait favorables pour la transition de la République gabonaise.

Dans ces dispositions sur 2025, il y a une exception. C’est celle du président de la transition, le général Brice Oligui Nguema, qui pourrait être le seul acteur de la transition à pouvoir être candidat. Qu'en pensez-vous ?

Cette question sera évoquée également au cours du dialogue national. Les participants à ce dialogue pourront juger et apprécier si le président de la transition, chef de l’État, peut se porter candidat à la fin de la transition.

Mais vous, personnellement, vous êtes pour ou contre cette exception ?

Je n’ai pas d’opinion. Je me prononcerai en fonction de ce que dira le plus grand nombre de concitoyens gabonais.

Vous avez peut-être entendu madame la ministre de la Communication, Laurence Ndong la semaine dernière, le 22 novembre, sur RFI. Elle disait que beaucoup de Gabonais considèrent le général Brice Oligui Nguema comme un messie, comme un bienfaiteur et qu’elle souhaitait qu’il soit candidat en 2025. Vous partagez son avis ou pas ?

Je partage son avis en disant que oui, le président Brice Oligui Nguema est notre messie puisqu’il a procédé à un changement de régime sans effusion de sang. Et ce changement a été salué deux heures après par l’ensemble de la population gabonaise et dans toutes les villes du Gabon. Donc, c’est un messie. Sans effusion de sang, c’est quelque chose de remarquable.

Et est-ce que vous partagez la même conclusion que madame la ministre Laurence Ndong, à savoir qu’il faudrait que le général Brice Oligui Nguema puisse être candidat en 2025 ?

C’est au dialogue national de se prononcer sur cette question et de décider si oui ou non il peut se présenter comme candidat à l’élection présidentielle.

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