Floribert Anzuluni: «La quasi-totalité de la classe politique a pris le pays en otage depuis trop longtemps»
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Toute cette semaine, RFI donne la parole aux candidats à la magistrature suprême en République Démocratique du Congo. Quelles sont leurs ambitions, quel est leur projet ? Floribert Anzuluni est l’ancien coordinateur du mouvement citoyen Filimbi. Président du parti Alternative citoyenne et candidat désigné par la société civile, il dénonce le système de prédation entretenu, selon lui, par la classe politique congolaise.

RFI : Pourquoi êtes-vous candidat à la prochaine élection présidentielle ?
Floribert Anzuluni : D’abord, c’est une initiative, il est important de le préciser, qui est collective, qui est portée par des acteurs issus de la société civile et de l’engagement citoyen qui ont décidé de prendre un engagement politique partisan pour mettre fin au système de gouvernance que nous appelons « prédateur », qui malheureusement est incarné par la quasi-totalité de la classe politique qui a pris le pays en otage depuis trop longtemps et qui est à la base de la quasi-faillite du pays aujourd’hui. J’ai été mis en avant à travers un processus assez inédit de primaires citoyennes organisées par un réseau d’organisations de la société civile, primaires publiques pour une fois avec des débats publics et à l’issue de ce processus, j’ai été désigné candidat président alternatif.
Selon vous, quels devraient être le ou les chantiers prioritaires du prochain chef de l’État ?
Pour nous, les chantiers prioritaires sont à trois niveaux. Le premier niveau, c’est la question sécuritaire. On en parle, il n’y a pas de solution parce qu’il n’y a pas de volonté, et il n’y a véritablement pas de compréhension suffisante. Prioritairement la question de l’Est, mais également d’autres questions d’insécurité à travers le pays. Et la deuxième question, c’est la question de la gouvernance. C’est ce que nous, nous appelons justement le système de prédation, le système de gestion prédateur. C’est ce système qui empêche en réalité le pays de se développer parce que les ressources qui doivent être mises à disposition pour investir, pour reconstruire le pays, sont détournées par un petit groupe de personnes. Et ça, il faut y mettre un terme véritablement en dehors des slogans. Et le troisième segment, très clairement, c'est ce que nous, nous appelons l’économie au service du social. Il faut qu’on mette en place un contexte économique qui permette non pas simplement de surexploiter les quelques entreprises qui existent, mais de mettre un cadre qui va permettre de multiplier les entreprises, principalement des PME locales, qui va leur permettre de créer de l’emploi, augmenter l’assiette fiscale et en bout de ligne, régler les problèmes sociaux des citoyens.
Et sur ces sujets, comment comptez-vous vous y prendre ?
Sur la question sécuritaire aujourd’hui, la première des difficultés, c’est qu’une bonne partie des personnes qui sont à l’origine et qui ont été impliquées et qui sont à la base des questions sécuritaires, malheureusement sont actives politiquement. Nous avons eu des brassages, des mixages où finalement des personnes, des hommes, qui pour une partie d’entre eux n’étaient pas des militaires, n’étaient pas formés, n’ont pas les règles et puis, ensuite, ne sont pas bien traitées parce que les conditions sociales et formations des policiers ou militaires et à l’intérieur du renseignement ne sont pas bons, ce sont ces mêmes personnes qui doivent résoudre le problème. Ce n’est pas possible. Pour nous, il faut « un nettoyage » de l’espace du système de défense et de sécurité. Il faut extraire toutes les personnes qui ont commis des actes qui nécessitent qu’ils soient extraits, il faut renforcer ceux qui vont rester, mettre en place ces conditions pour que ces agents soient dans de bonnes conditions. Et ensuite, reconstruire l’armée. Pour nous, c’est minimum 5 ans pour avoir une armée au minimum opérationnelle, je dirais, et c’est possible.
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