JO 2024: «la médaille d'or de Letsile Tebogo est une victoire pour tout le continent africain»
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Les JO 2024, c'est fini. Ce lundi 12 août, l'heure est au bilan. Pour l'Afrique, il y a eu quelques déconvenues au triple saut et dans certaines courses de fond. Mais il y a eu une victoire historique dans les épreuves de sprint. La championne camerounaise Françoise Mbango est d'autant plus enthousiaste qu'elle a été elle-même médaille d'or olympique. C'était au triple-saut, à deux reprises, en 2004 et en 2008. Pendant ces deux semaines olympiques, vous avez pu l'entendre tous les jours comme consultante sur RFI.

RFI : Quelle est la plus grande satisfaction pour l'Afrique au terme de ces Jeux olympiques ?
Françoise Mbango : Inévitablement, la performance de Letsile Tebogo à 21 ans, qui offre à l'Afrique sa première médaille dans l'épreuve reine des 200m aux Jeux olympiques. On se souvient de Frankie Fredericks qui avait toujours fait de grandes prouesses au milieu des Américains au 100m, mais qui n'avait pas eu la possibilité d'accéder à la plus haute marche. Donc aujourd'hui, la médaille d'or de Letsile Tebogo au 200m est une victoire pour tout le continent africain.
Est-ce qu'on salue le Botswana uniquement, ou est-ce qu'on salue aussi l'Afrique du Sud ?
Bien sûr que l’on salue l'Afrique du Sud, puisque c'est le lieu où il a travaillé pour venir glaner cette médaille aujourd’hui.
La grande reine du fond cette année, c'est une Kényane ?
Effectivement, c'est une Kényane, Beatrice Chebet, qui a gagné le 5000 et le 10000m. On peut donc dire qu’elle est la reine des courses de fond. Bravo aussi à la Kényane Faith Kipyeong pour sa médaille d'or au 1500m.
Quelles sont les satisfactions du côté des hommes pour les courses de fond ?
Pour les courses des hommes, on va inévitablement saluer la performance du Marocain Soufiane el-Bakkali au 3000m steeple et, bien sûr, l'Ougandais Joshua Cheptegei au 10000m et l'Éthiopien Tamirat Tola au marathon.
On remarque qu’au classement final des médailles, l'Éthiopie ne remporte qu'une seule médaille d'or, celle du marathonien Tamirat Tola. Est-ce que ce n'est pas une déception pour cette grande nation de la course de fond ?
Quelque part, c’en est une, parce qu'ils nous ont habitué à gagner plus de médailles que ça. Mais aujourd’hui, les autres nations ont compris qu’il y a quelque chose qui se passe du côté du Kenya, où beaucoup aujourd'hui y vont pour s'entraîner. Mais les Éthiopiens devraient reprendre la main pour gagner encore plus de médailles, comme ils l'ont fait par le passé.
En dehors de la course à pied, il y a bien sûr le triple saut et là, on attendait une médaille pour le Burkinabè Hugues Fabrice Zango. Vous êtes déçue ?
Un tout petit peu. Dès le premier essai, moi, je l'ai vu tout de suite crispé sur ses appuis, sur ses hanches. Il n'a pas vraiment été relâché et n’a pas pu faire ce qu'il savait faire le mieux, se concentrer sur ses sauts.
Et quand vous le verrez, qu'est-ce que vous lui direz ?
Je lui dirai que ce qui lui a manqué à un moment donné dans la compétition, c’est de rester concentré sur ce qu’on sait faire de mieux et non vouloir faire des performances comme les autres. Ça l'a psychologiquement perturbé. Voilà pourquoi il a deux essais qui sont mordus. Il n'avait plus de repères.
Au classement des médailles, le premier pays africain, c'est le Kenya qui arrive 17e avec quatre médailles d'or. Et le second, c'est l'Algérie qui arrive 39e avec deux médailles d'or. La gymnaste Kaylia Nemour est l'une de vos coups de cœur, quels sont les autres ?
Le premier coup de cœur de ces Jeux olympiques, c'est le Cubain Mijaín Lopez, qui, pour sa cinquième participation aux Jeux olympiques, gagne sa cinquième médaille d'or à 41 ans dans l’épreuve de lutte. C'est vraiment extraordinaire. Autre coup de cœur, la performance de l'équipe de basket-ball du Soudan du Sud qui a marqué tous les esprits, ici aux Jeux olympiques. Comme quoi, on peut gagner sans avoir une médaille. Et je suis sûre que, dans les années à venir, c'est une équipe qui gagnera certainement une médaille aux Jeux olympiques.
Et votre dernier coup de cœur, Françoise Mbango ?
Le dernier, pour ne pas dire l'avant-dernier, c'est l'honneur qu'on a fait à toutes les figures emblématiques du sport français. On l'a vu à l'ouverture avec Marie-José Perec et Teddy Riner. Bien entendu, Léon Marchand, quatre médailles d'or pour un nageur à 22 ans en une olympiade, ça, c'est magnifique. Et Cyréna Samba-Mayela, qui a couru le 100m et a eu la seule médaille [française] en athlétisme aux Jeux olympiques. C'est sa façon de courir, sa détermination qui m'ont plu et ça m'a fait penser à Patricia Girard au JO de 1996. Ça a été vraiment un coup de cœur pour tout le Stade de France.
Dans le 100m haies face à l'Américaine, favorite, elle n'a concédé qu'un 100e de seconde.
Exactement. C'est une très belle médaille. Samba-Mayela, c'est une médaille d'argent qui vaut de l’or.
Françoise Mbango, merci de nous avoir accompagnés pendant ces 15 jours de Jeux olympiques, est-ce que vous allez en garder un bon souvenir ?
Un très très bon souvenir ! Déjà l'opportunité que m'a donnée RFI de pouvoir vivre ces Jeux, ces grands Jeux, et de pouvoir donc partager mon regard avec les auditeurs de RFI. Merci infiniment.
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