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Angela Merkel, 15 ans au pouvoir

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La chancelière allemande Angela Merkel fête ce dimanche 22 novembre 2020 ses 15 ans à la tête du pays. Avec une popularité record : 73% de bonnes opinions. Comment expliquer cette longévité exceptionnelle ?

La chancelière allemande Angela Merkel doit quitter son poste à l’automne prochain, sans avoir vraiment choisi de successeur.
La chancelière allemande Angela Merkel doit quitter son poste à l’automne prochain, sans avoir vraiment choisi de successeur. POOL/AFP
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La longévité exceptionnelle d'Angel Merkel s'explique essentiellement par ses qualités personnelles et politiques. Elle est arrivée au pouvoir en 2005, après avoir, dans l’ombre de son mentor Helmut Kohl, gravi les échelons de son parti la CDU jusqu’à en prendre la tête en 2000.

Une fois élue chancelière, Angela Merkel, fille de pasteur, venue de l’est du pays, de l’ancienne république socialiste de RDA, conserve ses manières simples. Ce n’est pas une extravertie. Elle n’aime pas les « coup de com’ », l’excitation, les déclarations à l’emporte-pièce. Et c’est l’un de ses paradoxes : elle ne coche pas a priori les bonnes cases pour occuper la fonction la plus élevée du pays. Loin d’être charismatique, elle peut même apparaître atone et ennuyeuse.

Des handicaps donc à première vue. Mais dont elle va faire des atouts. Mieux, sa marque de fabrique. Des discours sans effet de manche. Cette physicienne de formation aime les énoncés clairs, précis et nuancés.

Cette forme de communication sobre a plu aux Allemands. À la différence de certains de ses pairs masculins, Angela Merkel ne s’est jamais laissé éblouir par les ors du pouvoir. Ne s’en est jamais laissé conter, non plus. Rigueur, patience, écoute, tel est son credo. Le travail, les dossiers. Le fond avant la forme. 

Une forme de prudence déterminée qui l’aura aidée au final à prendre des décisions qui souvent se sont révélées efficaces et parfois même audacieuses.

Comme sa décision, contre certains de ses proches, d’accueillir plus d’un million de migrants à l’été 2015, ou de transgresser un tabou de sa famille politique en acceptant au printemps l’idée d’un endettement commun européen pour financer la moitié du plan de relance de l’Union européenne.

Audace et pragmatisme, qui lui ont permis d’être réélue trois fois depuis 2005.

Elle a su aussi gérer les tensions internes au sein de sa formation entre les centristes et les radicaux de la CDU, et accepter, quand l’issue des urnes l’exigeait, de gouverner en coalition avec les sociaux-démocrates du SPD.

Et puis, et c’est la marque des grands politiques, alors qu’elle traversait une mauvaise passe sondagière, elle a su rebondir avec sa gestion de la pandémie de Covid-19, parlant un langage de vérité aux Allemands, et obtenant des résultats bien meilleurs que certains de ses voisins européens.

Elle a donc réussi à contourner l’usure du pouvoir qui commençait à se faire sentir.

Angela Merkel doit quitter son poste à l’automne prochain, sans avoir vraiment choisi de successeur. Plusieurs ténors de la CDU tentent de se faire désigner à la tête du parti pour conduire leur formation aux élections de septembre prochain. Mais pour cause de pandémie, le congrès de la CDU prévu dans deux semaines, est repoussé à l’année prochaine. Et la bataille s’annonce rude entre les principaux candidats.

De ce point de vue, la chancelière n’aura pas réussi – ou pas voulu – désigner un dauphin ou une dauphine.

 

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