Le monde en questions

Au Venezuela, des élections législatives qui ne vont rien régler

Publié le :

Les Vénézuéliens sont appelés aux urnes ce dimanche pour les élections législatives qui se dérouleront dans un contexte difficile. Le pays est déchiré depuis deux ans par un affrontement sans merci entre le président en place Nicolas Maduro et son opposant Juan Guaidó, qui s’est auto-proclamé président et qui est reconnu par une soixantaine de pays, dont les États-Unis. Ces élections peuvent-elles permettre d’apaiser la situation politique et économique du Venezuela ?

Les élections du 6 décembre 2020 doivent renouveler la totalité du Parlement au Venezuela. (Image d'illustration)
Les élections du 6 décembre 2020 doivent renouveler la totalité du Parlement au Venezuela. (Image d'illustration) Federico PARRA AFP/Archivos
Publicité

La réponse hélas est : sans doute pas. Ce scrutin, qui doit renouveler l’Assemblée nationale élue en 2015, a plutôt contribué jusqu'ici à exacerber les tensions entre les partisans de Nicolas Maduro et ceux de Juan Guaidó. Deux hommes qui s’opposent depuis deux ans maintenant pour incarner la légitimité du pouvoir au Venezuela.

D’un côté, Maduro, héritier du chavisme, réélu en 2018, affirme qu’il est le seul détenteur légitime du pouvoir présidentiel - et de fait c’est lui qui l’exerce. Il est soutenu par des États hostiles au modèle politique occidental dont la Chine, la Russie, Cuba ou encore l’Iran, quatre pays qui soutiennent activement le régime Maduro.

Face à lui, Juan Guaidó, qui dit lutter pour le rétablissement des libertés publiques dans le pays. Il conteste la légitimité de Maduro, notamment lors de l’élection de 2018. Jusque récemment président du Parlement qui doit être renouvelé ce dimanche, la seule instance acquise à l’opposition, il s’est auto proclamé président du pays en janvier 2019 et a été reconnu par une soixantaine de pays- dont la France et les États-Unis.

Mais il n’a pas réussi à renverser le régime Maduro malgré des manifestations imposantes au départ, mais qui se sont essoufflées depuis la pandémie de Coronavirus. Il n’a pas réussi non plus, malgré des appels répétés, à entamer la loyauté de l’armée vis-à-vis de Nicolas Maduro.

Juan Guaidó continue pourtant son combat. Il dénonce le manque total de transparence et d’équité pour les élections de dimanche et estime que le pouvoir veut se débarrasser d’un Parlement dominé par l’opposition. Le pouvoir, de son côté, annonce que l’assemblée constituante, instituée en 2017 pour contrer toutes les décisions du Parlement, sera dissoute après le scrutin. Mais Guaidó voit justement dans cette annonce la preuve que le prochain Parlement sera élu frauduleusement.

Il a donc appelé, non seulement au boycott du scrutin de dimanche, mais aussi à une consultation parallèle, qui débute ce samedi jusqu'au 12 décembre 2020, pour légitimer une demande de prolongation du mandat de l’actuelle Assemblée nationale. Cet appel a été entendu par la majorité des partis d’opposition. Mais pas tous : certains vont participer aux législatives de dimanche. Un scrutin qui sera sûrement marqué par une abstention massive.

On le voit : une opposition divisée, un régime qui veut se maintenir à tout prix au pouvoir, un pays aux riches ressources pétrolières qui attire les États-Unis et leurs alliés, soutiens de Guaidó, et les puissances opposées au camp occidental qui soutiennent Maduro. Le Venezuela reste l’enjeu d’une confrontation idéologique qui rappelle la Guerre froide et qui a contraint des dizaines de milliers de Vénézuéliens à quitter leur pays sous le coup de sanctions américaines et d’une grave crise économique. Triste tableau.

 

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes