Cette semaine, Bruno Daroux revient sur l’incroyable assaut contre le Capitole aux États-Unis, mercredi 6 janvier 2021, quelques jours seulement avant la fin du mandat de Donald Trump. Et la question qui se pose : de quoi Donald Trump est-il le signe ?
Donald Trump est le signe d’un dysfonctionnement des institutions américaines. Le signe aussi d’un rejet de ces institutions par des millions d’Américains qui se réclament aujourd’hui du trumpisme. Un trumpisme qui ne va pas disparaître, composé de tous ces Américains qui se sentent abandonnés et menacés par l’évolution démographique d’une Amérique de moins en moins blanche. Persuadés aussi qu’un complot ourdi par le système, par le « deep state », « l’État profond », doit être absolument déjoué - et peut justifier de s’en prendre physiquement à l’État. Comme ils l’ont fait mercredi, encouragés par Donald Trump. Après avoir joué à l’apprenti sorcier, en incitant ses partisans les plus extrémistes à la violence, il a finalement fait volte-face, en lâchant en rase campagne ses partisans les plus fidèles.
Mais le mal est fait. Autour de Trump, les rangs s’éclaircissent, les démissions se multiplient. Certains demandent même qu’il démissionne immédiatement, ou soit destitué, d’autres envisagent des poursuites en justice une fois qu’il aura quitté la Maison Blanche le 20 janvier.
Affaibli, isolé oui, mais même dans son dernier discours, il ne reconnait pas sa défaite, et dit à ses partisans que « le voyage ne fait que commencer ». Ce qui veut dire qu’il a l’intention de continuer à jouer un rôle politique après le 20 janvier. Mais avec l’assaut contre le Capitole, sa tâche s’annonce compliquée, même s’il conserve ses millions de partisans. D’autant plus que le parti républicain, après quatre ans sous la houlette de Trump, sort affaibli et fracturé de cette séquence.
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Politiquement, le parti a tout perdu : la Maison Blanche, la Chambre des représentants et désormais le Sénat. En interne, le bilan n’est pas fameux non plus. Entre les partisans indéfectibles de Trump, les pragmatiques qui l’avaient suivi par intérêt et les républicains modérés, façon McCain, il va falloir définir une ligne politique claire - ce qui sera rendu difficile par les velléités de Trump à vouloir incarner l’opposition. Après son départ de la Maison Blanche, il y aura sans doute une ambiance de « règlements de comptes à OK Corral » au sein du parti.
Quant à la démocratie américaine, elle sort à la fois abîmée et renforcée de cette séquence incroyable. Abîmée parce qu’elle a montré des signes de fragilité. Attaquée, vilipendée par une poignée d’extrémistes qui ont pu pénétrer sans difficultés au cœur même du pouvoir législatif. L’effet est déplorable. Notamment à l’étranger. Mais renforcée, car cette démocratie est un peu comme le roseau de la fable de la Fontaine : « elle plie, mais ne rompt pas ». Face à l’adversité, elle a fait mieux que résister, elle a tenu bon. Et s’en sort donc plutôt bien. Mais elle devra trouver les moyens de ramener dans son giron ces millions d’Américains qui contestent son fonctionnement. Ce sera le job compliqué de Joe Biden.
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