Présidentielle française: les questions internationales vont-elles peser sur le second tour?
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Alors que second tour de l’élection présidentielle en France opposera Emmanuel Macron à Marine Le Pen le 24 avril 2022, les questions de politique internationale peuvent-elles jouer un rôle dans le choix des électeurs ?

La réponse est oui, dans une certaine mesure. Et c’est un phénomène assez inédit pour qu’il soit souligné. D’ordinaire, dans les grandes élections nationales, que ce soit en France ou à l’étranger, ce sont les questions sociales et économiques qui prédominent. Les enjeux géopolitiques viennent loin derrière. On connaît la réplique de Bill Clinton qui répondait à l’un de ses conseillers qui mettait en avant les thèmes de politique étrangère dans la campagne présidentielle : « it’s the economy, stupid », « c’est l’économie, idiot », sous-entendu : c’est l’économie qui importe dans une élection - surtout présidentielle.
Mais en France cette année, deux évènements sont venus bousculer cet adage : d’abord, la guerre en Ukraine, qui est devenue, et pour cause, un thème de préoccupation majeure chez les électeurs. Et ensuite, le profil et les engagements programmatiques de la candidate du Rassemblement national à l’international, et en particulier sur le fonctionnement de l’Union européenne, comparés à ceux de son opposant Emmanuel Macron.
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Deux visions qui divergent
On est là sur deux visions qui s’opposent très souvent, et ne se rejoignent que rarement. Marine Le Pen met en avant la Nation comme exigence d’indépendance et de souveraineté, estime que la France est encore une grande puissance qui compte. Emmanuel Macron parle plutôt d’une puissance moyenne à rayonnement international et surtout estime que la France seule aujourd’hui ne pourrait pas jouer le même rôle et qu’elle a donc un besoin impérieux de son appartenance à l’Europe.
C’est sur ce dossier européen que les conceptions apparaissent le plus éloignées : alors que le président sortant veut renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe, ses capacités militaires et diplomatiques, son statut de puissance médiatrice, Marine Le Pen, qui ne parle plus de sortie de l’Union européenne ou de l’euro comme en 2017, reste dans une grande ambiguïté sur le sujet : elle souhaite que la France reste dans l’UE, mais veut réformer de l’intérieur cette institution.
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Et surtout, ce que ne manque pas de pointer le président sortant, nombre de ses mesures vont à l’encontre des règles et parfois des traités européens, comme le rétablissement des frontières nationales, la primauté du droit national sur le droit européen, ou sa volonté de baisser de 5 milliards la contribution française au budget de l’Union.
Le moteur franco-allemand, une quasi-fiction pour Marine Le Pen
Elle est très sévère aussi sur la relation avec Berlin : elle estime que le moteur franco-allemand est devenu une quasi-fiction, et annonce vouloir cesser certaines coopérations franco-allemandes, notamment en matière de défense. Ce qui entraînerait les deux pays et donc l’Europe dans une période de tension forte.
Enfin, concernant l’Otan cette fois, elle veut que la France sorte du commandement intégré, et, en pleine guerre d’Ukraine, souhaite, une fois les hostilités terminées, un rapprochement stratégique entre l’Otan et la Russie ! Là aussi, ses positions tranchent radicalement avec celles d’Emmanuel Macron. Nul doute que ces questions internationales occuperont une partie du débat qui doit opposer les deux candidats à la présidence le 20 avril.
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