Le Jubilé de platine de la reine Elizabeth II se déroule jusqu’à dimanche pour célébrer les 70 ans de règne de la Reine Elisabeth II. Un exploit, mais aussi un parfum de fin de règne puisque la santé de la monarque, âgée de 96 ans, apparait chancelante. Comment la monarchie britannique va-t-elle survivre après Elizabeth II ?

C’est une vraie question, pour au moins deux raisons : la première, c’est que dans ce système monarchique personnalisé et familial, la personnalité de l’homme ou de la femme qui incarne la fonction royale est absolument centrale dans le bon fonctionnement de ce système, après tout fragile, en termes de légitimité puisqu'il ne repose que sur la naissance et l'appartenance à la famille Windsor. Mais surtout, la deuxième raison qui pose la question de la pérennité de la monarchie après Elizabeth II, ce sont les défis auxquels est confronté le Royaume-Uni. Certes, le règlement politique de ces défis n'appartient pas au souverain – qui règne, mais ne gouverne pas –, c'est bien au locataire du 10 Downing Street de gérer ces dossiers.
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Mais vu la nature des défis aujourd'hui, cela aura forcément un impact sur le fonctionnement de la monarchie, sur sa raison d'être aussi. Car ce Royaume-Uni est aujourd'hui très désuni, à cause notamment des conséquences du Brexit. Les Écossais, qui étaient opposés au départ de l'Union européenne, veulent du coup, après une nouvelle victoire électorale des indépendantistes, relancer un second référendum sur l'indépendance de l'Écosse.
Le Royaume risque de se fissurer aussi du côté de l'Irlande du Nord. L'impact du Brexit sur l'économie et la politique de cette province particulière a été encore plus fort, avec ce protocole de l'Irlande du Nord, mal ficelé, et que Londres entend aujourd'hui renégocier, au grand dam de l'Union européenne. Du coup, les républicains du Sinn Féin, favorables au rattachement de leur province avec le reste de l'Irlande, ont remporté le scrutin du 5 mai, pour la première fois depuis les accords de paix de 1998.
Une fronde qui gronde contre la monarchie
Un Royaume désuni et dont l'attractivité faiblit auprès des pays du Commonwealth, cette organisation qui regroupe les anciens joyaux de la Grande-Bretagne impériale. La fronde gronde contre cette monarchie dont on exige aujourd'hui qu'elle s'excuse pour son passé esclavagiste dans les Caraïbes, dont on envisage de se séparer, de briser à jamais cette sujétion à la Couronne britannique, certes toute symbolique aujourd'hui. Mais quand même : certains pays, et pas des moindres, réfléchissent à faire de leur nation une République. Ces débats sont en cours au Canada, en Nouvelle-Zélande ou en Australie, où le tout juste élu nouveau Premier ministre, le travailliste Anthony Albanese, vient de nommer un ministre délégué à la République. Tout un symbole.
Et puis les sondages indiquent un attachement plus mitigé qu'on pourrait croire des Britanniques eux-mêmes à l'institution monarchique. S’ils sont plus que satisfaisants pour Elizabeth II – 86 % des Britanniques estiment qu’elle a fait du bon travail –, ils sont nettement moins favorables au prince Charles, avec 19% de bonnes opinions seulement. Ils sont plus positifs pour son fils William, à 55%.
Sur l’institution elle-même, une majorité de 58% souhaite le maintien de la monarchie, mais 25% tout de même sont pour une République. Certes, ce n'est pas demain que la Grande-Bretagne deviendra une République, mais tout cela est tout de même assez fragile.
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