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Royaume-Uni: Boris Johnson, le clap de fin?

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Retour sur l’incroyable séquence politique que vient de vivre le Royaume-Uni, qui s’est provisoirement terminée par l’annonce par Boris Johnson de sa démission de leader du Parti conservateur, et donc en principe du poste de Premier ministre. Est-ce vraiment le clap de fin pour Boris Johnson ? 

Boris Johnson a annoncé jeudi 7 juillet sa démission du Parti conservateur mais indiqué qu'il resterait au pouvoir jusqu'à ce que soit désigné son successeur.
Boris Johnson a annoncé jeudi 7 juillet sa démission du Parti conservateur mais indiqué qu'il resterait au pouvoir jusqu'à ce que soit désigné son successeur. © REUTERS/Phil Noble
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A priori, oui, mais attention avec Boris Johnson, il faut toujours rester prudent ! Après 36 heures d’un incroyable théâtre politique, de démissions en cascade au sein de son cabinet, il a dû se résoudre à l'impensable pour lui : renoncer à son titre de dirigeant du Parti conservateur.  Ce qui implique, dans un régime parlementaire comme celui du Royaume-Uni, qu'il ne pourra pas non plus rester au poste de Premier ministre. 

Oui, mais quand ? « That is the question », comme on dit Outre-Manche. Car Boris Johnson, non seulement n'a fait aucun mea culpa sur les événements et les scandales qui ont provoqué sa chute, mais a au contraire vanté son extraordinaire bilan depuis sa triomphale élection en décembre 2019. « Je suis triste de devoir quitter ce poste », a-t-il dit, parlant de la meute qui s'est déchaînée contre lui à la Chambre des communes. 

► À écouter aussi : Royaume-Uni: la réaction de Londoniens à la démission de Boris Johnson

Bref, il a lourdement souligné que sa décision était fortement contrainte, et qu'il resterait à Downing Street le temps nécessaire pour que le Parti conservateur lui trouve un successeur. Ce qui pourrait prendre des semaines et lui permettre de rester en place jusqu'à l'automne et expédier les affaires courantes.

Défiances envers Boris Johnson

Et c'est justement ce scénario que veulent éviter non seulement son opposition travailliste qui envisage de déposer une motion de censure contre le gouvernement et, en cas de victoire, obtenir des élections générales anticipées - ce qui paraît quand même difficilement réalisable. Mais c'est aussi ce que redoutent de nombreux conservateurs, qui veulent régler au plus vite sa succession, d’autant que les candidats au poste sont nombreux. Pourquoi tant de défiance ? Par prudence donc, car ils connaissent l'animal Johnson, qui ne s'avoue jamais vaincu, même dans une situation comme celle où il se trouve. 

Pour dire les choses clairement, ils redoutent que le Premier ministre sortant cherche un moyen de ne pas partir, en provoquant par exemple des élections anticipées. Et puis, le rejet dont il est l'objet au sein même de son parti et dans l'opinion publique plaide pour un clap de fin rapide de l'ère Johnson si le parti conservateur veut refaire ses forces derrière un nouveau leader en vue des prochaines élections. D'où la pression exercée sur Boris Johnson pour un départ rapide - sans succès pour l'instant. Ses adversaires chez les Tories le soupçonnent de vouloir gagner du temps pour tenter de se maintenir au pouvoir. 

Bras de fer

C'est donc à un véritable bras de fer qu'on assiste depuis jeudi. Le problème, c'est que le parti conservateur ne peut pas aller aux urnes en ce moment - il serait quasiment sûr de perdre face aux travaillistes. Il ne veut pas non plus que Johnson reste trop longtemps à Downing Street, car ce serait une longue agonie politique - désastreuse pour les Tories. 

Mais Boris Johnson invoque la coutume et le bon sens : il faut bien quelqu'un aux manettes le temps de désigner un nouveau chef. Ça s'est vu, ça s'est fait dans le passé effectivement. Les Conservateurs britanniques n'ont pas fini de boire le calice Johnson jusqu'à la lie. À moins que soudain, il se ravise et que l'élection d'un nouveau leader se déroule en un temps record.

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