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La France est-elle en train de chercher sa stratégie dans les pays du Sahel?

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La ministre française des Affaires étrangères et celui des Armées sont en visite au Niger puis en Côte d’Ivoire en fin de semaine. Dans un contexte de profonde refonte de l’engagement militaire français au Sahel, la France est-elle en train de chercher sa stratégie dans la région ? 

De gauche à droite : les ministres français des Armées, Sébastien Lecornu et des Affaires étrangères Catherine Colonna  sont reçus par le président nigérien Mohamed Bazoum lors d'une visite officielle à Niamey, au Niger le 15 juillet 2022.
De gauche à droite : les ministres français des Armées, Sébastien Lecornu et des Affaires étrangères Catherine Colonna sont reçus par le président nigérien Mohamed Bazoum lors d'une visite officielle à Niamey, au Niger le 15 juillet 2022. AFP - BERTRAND GUAY
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’exécutif français est depuis de longs mois contraint de naviguer à vue. Confronté, bien malgré lui, aux crises politiques dans les pays sahéliens alliés qui le poussent aujourd’hui dans le cas malien à opérer une sortie à marche forcée, bousculant tous les calendriers et les prévisions de l’Élysée ou de l’état-major.

Dans ce contexte, les deux ministres, qui effectuent symboliquement leur première visite en Afrique depuis leur nomination, sont là, en avant-garde politique, afin de « consolider une amitié bien ancrée » avec le Niger devenu un des derniers pays amis de la région. Mais aussi et surtout pour acter la mort de l’opération Barkhane après près de neuf années de présence française allant de la gloire héroïque des sauveurs du Mali en 2013, au repli sous haute tension que l’on connaît aujourd’hui. 

À Paris, on parle plus volontiers de « réarticulation » de l’engagement militaire

Sur le fil et le dos au mur, de nouveaux éléments de langage ont dû être inventés par les stratèges français. Dans les milieux militaires, on réclamait depuis longtemps un changement de cap face à une mission presque impossible et qui avait, fait le « tour du cadran » avec 5 000 soldats déployés sur une zone de 5 millions de km2 face à une menace djihadiste protéiforme et à l’hostilité montante de l'opinion publique. On parle aujourd’hui de « réarticulation » de changement de paradigme au Sahel, vaste programme qui va désormais prendre racine au Niger en espérant que l’agitation politique et le sentiment anti-français ne gagnent pas à leur tour les rues de Niamey. 

Le voyage des ministres français préfigure aussi des visites à venir du président français 

Emmanuel Macron, en sa qualité de Chef suprême des armées françaises et suite à l’annonce faite en février dernier va venir – en personne –  acter la fin de Barkhane en l’état. Un voyage au Bénin et au Cameroun est prévu d’ici la fin juillet alors qu’il se murmure dans les milieux diplomatiques que le président français se rendra au Niger sans doute à la fin de l’été, quand l’armée aura rendu publiques les fondations d’une nouvelle stratégie début septembre, et quand surtout, les tout derniers légionnaires français auront définitivement quitté la base de Gao, dans ce nord du Mali où ils avaient été parachutés en urgence en février 2013. 

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