Retour sur la crise politique qui a secoué l’Italie cette semaine, conduisant à la démission définitive du président du Conseil Mario Draghi, à la dissolution du Parlement et à la convocation d’élections générales anticipées fin septembre. Quelles sont les conséquences de cette crise politique pour l'Italie et pour l'Union européenne ?
Pour l'Italie comme pour l'UE, les conséquences de la crise italienne sont fâcheuses. Pour l'Italie, d'abord : avec le départ de « Super Mario », comme le président du Conseil italien était surnommé, c'est une période de stabilité politique et économique qui s'achève.
Arrivé au pouvoir en février 2021, Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale italienne, ancien président de la Banque centrale européenne, incarnait la compétence et l'efficacité pour affronter une situation économique périlleuse en Italie : une dette abyssale, 151 % du PIB, un marché du travail en berne et comme ailleurs en Europe depuis quelques mois, une inflation préoccupante.
L'Italie était du coup, avec l'Espagne, l’un des deux grands bénéficiaires du plan de relance mutualisé décidé par l'Europe à l'été 2020 : 191 milliards d'euros, une somme conséquente accordée à l'Italie à condition d'entamer de vraies réformes de son système économique. Et de ce point de vue, Mario Draghi était l'homme de la situation. Il inspirait confiance aux investisseurs étrangers et aux partenaires européens. Avec son départ, tout cela reste en surplomb...
Mario Draghi lâché par sa coalition
L'autre conséquence néfaste de la tragi-comédie qui vient de se jouer au Parlement italien concerne le système politique lui-même. Alors que deux Italiens sur trois – selon les derniers sondages – souhaitaient le maintien de Mario Draghi à son poste, les arcanes d'un parlementarisme vicié en ont décidé autrement : après la décision du Mouvement 5 étoiles de ne plus soutenir le Premier ministre, ce sont les deux formations de droite et d'extrême droite, Forza Italia de l'inoxydable Silvio Berlusconi et la Ligue de Matteo Salvini, qui ont fait à leur tour défection, en refusant de participer au vote de confiance organisé cette semaine au Sénat. Et même si arithmétiquement, le gouvernement a obtenu la confiance, celle-ci n'était plus significative avec le lâchage de ces trois partenaires importants de cette coalition hétéroclite.
D'où la décision de Mario Draghi de démissionner. Elle a cette fois été acceptée par le président Matarella, qui a annoncé dans la foulée la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées à l'automne. Résultat : des partis politiques qui, pour des calculs purement politiciens, font sauter un gouvernement qui avait le soutien de l'opinion. Un signe de mauvaise santé de la démocratie en Italie.
Une porte ouverte pour les partis d'extrême droite
Cette situation politique et économique en Italie, la troisième économie de la zone euro, inquiète au plus haut point à Bruxelles.
Outre les incertitudes économiques déjà évoquées, les scénarios politiques n'incitent pas à l'optimisme : les enquêtes d'opinion indiquent que si La Ligue et Forza Italia s'allient à l'autre parti d'extrême droite qui a le vent en poupe, Fratelli d’Italia, ce bloc des droites eurosceptiques, qui a eu des complaisances avec le régime de Vladimir Poutine, pourrait décrocher 45% des votes et donc accéder au pouvoir en octobre. Ce qui serait une très mauvaise nouvelle pour l'Union européenne. Et une bonne nouvelle pour le dirigeant du Kremlin.
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