Avec Giorgia Meloni, où se positionne désormais l’Italie sur l’échiquier européen?
Publié le :
Retour sur la victoire de la coalition de droite radicale dimanche dernier (25 septembre) en Italie. L’arrivée au pouvoir d’une coalition de ce courant de pensée à Rome est-elle une menace pour la cohésion de l’Union européenne ? À cette question, la réponse est oui, mais en ajoutant que cette menace ne sera peut-être pas si forte que ça. Alors pourquoi l’accession au pouvoir de Giorgia Meloni et ses deux alliés, Matteo Salvini et Silvio Berlusconi, inquiète-t-elle à Bruxelles ?

D’abord parce que l’Italie est un des six pays fondateurs de la Communauté devenue Union européenne, la troisième économie de la zone euro et un membre important de l’Otan. Or, comme le ciment des États membres de l’UE, ce sont, outre les relations commerciales, une adhésion à des valeurs de démocratie, de respect de l’État de droit et tout ce qui va avec. De ce point de vue, ce qui vient de se jouer en Italie est préoccupant aux yeux de Bruxelles. Même si, sur le plan des valeurs et des questions de société, le courant de pensée incarnée par la nouvelle majorité italienne est minoritaire en Europe.
Un courant de pensée minoritaire, mais pas isolé
Certains pays se réjouissent de cette évolution politique en Italie, à commencer par la Hongrie et la Pologne, deux pays qui sont membres de l’Union européenne, mais en désaccord avec Bruxelles sur un certain nombre de points importants, notamment sur des questions de société. Ces pays conservateurs voient avec joie arriver à leurs côtés un État très important, quelques jours après le vote survenu en Suède avec là aussi une coalition de droite extrême.
Bref, un courant de pensée très conservateur sur le plan des valeurs morales. Il y aura donc un front commun certainement sur l’opposition à l’islam, l’immigration, l’avortement ou sur les questions de genre et le mariage homosexuel. Un positionnement très patriarcal, traditionnel, en guerre contre des valeurs jugées décadentes. Et aussi la nostalgie d’une Europe chrétienne et blanche. Ce qui vient de se passer en Italie et en Suède renforce ce courant au sein des instances européennes.
Le combat de ces États conservateurs, ce n’est pas de sortir de l’Union européenne, mais de la réformer de l’intérieur
Il s’agit non seulement de mener le combat sur les valeurs morales, mais aussi de faire évoluer l’Union vers une coopération de nations indépendantes – bref de rogner les ailes aux velléités fédéralistes. Là aussi, on peut s’attendre à un front commun entre Rome, Budapest et Varsovie.
Mais cette forme d’alliance pourrait bien en revanche se fracturer sur la question de la Russie et de l’Ukraine. Madame Meloni se retrouvera sur les positions atlantistes et pro-ukrainiennes de la Pologne, beaucoup moins sur celles de Viktor Orban en Hongrie, et ses relations toujours ambivalentes avec Moscou. De ce point de vue, l’arrivée de Giorgia Meloni sur l’échiquier diplomatique de l’UE ne devrait pas accroître les légères divisions européennes sur cette guerre anxiogène à ses portes. C’est déjà ça.
► À lire aussi : Journée internationale de la liberté d’avorter : un droit fragile en Europe
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne