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Georgia Meloni et l’Union européenne: jusqu’ici, tout va bien…

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Pour son premier déplacement à l’étranger, la nouvelle présidente du Conseil en Italie, Georgia Meloni, s’est rendue jeudi 3 novembre à Bruxelles pour y rencontrer les dirigeants de l’Union européenne. Cette visite a-t-elle permis d'arrondir les angles entre ces dirigeants et la Première ministre italienne ?

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accueille la Première ministre italienne Giorgia Meloni au siège de l'Union européenne à Bruxelles, le jeudi 3 novembre 2022.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accueille la Première ministre italienne Giorgia Meloni au siège de l'Union européenne à Bruxelles, le jeudi 3 novembre 2022. © Virginia Mayo / AP
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On a plutôt assisté à un premier round d'observation entre la dirigeante post-fasciste et les leaders de l'Union européenne. Depuis son élection il y a un mois, Georgia Meloni a adopté la stratégie suivie par d'autres mouvements nationalistes et populistes en Europe et dans le monde : d'abord, démentir toute filiation avec des partis ou des dirigeants ouvertement d'extrême droite, quitte à revenir sur des actes ou des discours passés.  Georgia Meloni a ainsi expliqué son dégoût de Mussolini.

Ensuite, afficher une posture de dialogue et de pragmatisme. Georgia Meloni, pour sa première visite à l'étranger, a donc choisi Bruxelles, capitale de cette Europe qu'elle ne se prive pourtant pas de décrier, estimant par exemple que l'Union européenne « n'a pas à s'occuper de ce que Rome peut mieux faire ». 

Côté européen, on attendait la dirigeante italienne d'un pied ferme, mais sans vouloir non plus aller à l'affrontement. Notamment la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui avait menacé avant les dernières élections l'Italie de graves conséquences si on constatait « des dérives par rapport aux principes démocratiques ». Implicitement, la coalition conduite par Georgia Meloni était clairement visée. Et cela avait provoqué une levée de boucliers en Italie.

Ce 3 novembre, à l'issue de la rencontre entre les deux femmes, on parlait de « dialogue constructif », ce qui en langage diplomatique, ne mange pas de pain et surtout n'insulte pas l'avenir.

► À lire aussi : Giorgia Meloni à Bruxelles : exercice d'équilibriste obligé pour la dirigeante italienne

Prudence tactique des deux côtés 

Pour les européens, il ne faut pas braquer tout de suite l'Italie pour plusieurs raisons. D'abord, Georgia Meloni, à la différence de ses alliés Matteo Salvini et Silvio Berlusconi, reste sur une ligne atlantique et de fermeté envers la Russie – ce qui dans le contexte actuel est très important pour l'unité de l'Europe face à Vladimir Poutine.

Ensuite, elle reste dans la continuité de son prédécesseur sur le dossier énergétique : comme Mario Draghi, elle préconise une approche européenne pour lutter contre la hausse des prix du gaz – à la différence de l'Allemagne qui pour l'instant fait cavalier seul. Enfin, Bruxelles veut éviter de voir l'Italie rejoindre le camp des deux pays illibéraux et rebelles qui lui causent du souci, à savoir la Hongrie et la Pologne.

De son côté, Georgia Meloni sait que son pays doit être le principal bénéficiaire du fonds de relance européen post Covid-19. Une manne de 200 milliards d’euros – presque 10% du PIB italien, qui sera la bienvenue. Pas de vagues donc pour l'instant, ce pactole vaut bien quelques sourires à Bruxelles. Reste le sujet qui fâche : les flux migratoires. Georgia Meloni est restée ferme sur le sujet, mais sans aller plus loin.

Jusqu'ici donc, entre Rome et Bruxelles, tout va – à peu près – bien. Pourvu que ça dure...

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