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Stratégie de la France en Indo-Pacifique: des ambitions justifiées et tenables?

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Emmanuel Macron s'est rendu au G20 à Bali, puis au sommet de l'Apec, le Forum de Coopération Asie-Pacifique. Les ambitions stratégiques de la France en Indo-Pacifique dans cette région sont-elles justifiées et tenables ? 

Emmanuel Macron, lors du sommet de l'Apec, le 18 novembre 2022 à Bangkok.
Emmanuel Macron, lors du sommet de l'Apec, le 18 novembre 2022 à Bangkok. © AP/Athit Perawongmetha
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On peut répondre que oui, elles sont justifiées, et être plus sceptique sur le fait de savoir si elles sont tenables. Les ambitions de la France dans la zone Indo-Pacifique sont justifiées par la géographie qui fait de facto de la France un des acteurs de cette région. 

Côté maritime, la région représente 60% de l'ensemble de la Zone économique exclusive française et lui permet ainsi d'être au deuxième rang mondial. Côté terrestre, des côtes africaines aux côtes américaines, la France possède dans cette zone un ensemble de territoires qui vont de la Réunion à la Polynésie Française, en passant par la Nouvelle-Calédonie. L'objectif de la France est de promouvoir la stabilité et la coopération dans une région à la fois dynamique et stratégique, elle représentera 60 % de la population et du PIB de la planète à l'horizon 2030. 

► À écouter aussi : Stratégie Indo-Pacifique: la France «a un héritage historique dans cette région»

En fait, l'objectif d'Emmanuel Macron est simple : imposer davantage la France comme une puissance d'équilibre dans cette zone en pleine ébullition, convoitée à la fois par les deux superpuissances que sont les États-Unis et la Chine, qui s'y livrent une compétition économique, diplomatique et militaire féroces. Entre ces deux mastodontes, Paris entend incarner une troisième voie, et certains pays asiatiques, comme l'Indonésie, les Philippines ou la Thaïlande, se montrent sensibles à ce discours, refusant d'avoir à choisir entre Pékin et Washington, mais en subissant les pressions. 

Pousser davantage ses atouts

Paradoxalement, c'est la crise des sous-marins avec l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, qui est en train de profiter à Paris. Car cette humiliation du monde anglo-saxon infligée alors à la France, débouche sur un rapprochement entre Paris et ces capitales asiatiques qui souhaitent conserver leur « liberté de souveraineté », pour reprendre les termes d'Emmanuel Macron. Et c'est de cette fenêtre de tir que profite que tente de jouer le président français. La marge de manœuvre est étroite certes, mais elle existe.

Est-ce tenable et concrètement réalisable ? La réponse est, de ce point de vue, plus réservée. Il faut d'abord passer concrètement à la vitesse supérieure avec ces nations d'Asie, cimenter les alliances, les coopérations politiques, militaires et commerciales. C'est en cours et, de ce point de vue, la tournée asiatique du chef de l'État est plutôt réussie. Mais pour devenir un acteur incontournable dans cette partie du monde qui en devient l'un des centres névralgiques, il faut pousser davantage ses atouts et anticiper le cas échéant des réactions crispées de la Chine ou des États-Unis, si justement Paris prend trop d'importance en Indo-Pacifique.

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