Arménie-Azerbaïdjan, vers une reprise des hostilités?
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Regain de tension cette semaine entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan à propos de l’enclave arménienne du Haut-Karabakh. Quelques dizaines de manifestants azerbaïdjanais, se prétendant écologistes, ont bloqué la circulation des biens et marchandises dans le corridor de Latchine, qui relie cette enclave à l’Arménie. Pourrait-on assister à une reprise du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ?

Il y a un risque réel, toujours présent à vrai dire, mais qui se voit accentué depuis le début de la semaine par les agissements de ces dizaines de prétendus militants écologistes azerbaïdjanais.
La question du Haut-Karabakh n'est toujours pas réglée et empoisonne les relations entre Bakou et Erevan. Cette enclave arménienne en territoire azerbaïdjanais a proclamé son indépendance en 1991 au moment de la chute de l'URSS. Une décision jamais reconnue par l'Azerbaïdjan, qui continue donc à revendiquer le contrôle de ce territoire – ni non plus, il faut le souligner, par la communauté internationale.
Le corridor de Latchine au cœur des tensions
Une situation qui a provoqué un conflit meurtrier dans les années 1990 : 30 000 morts, puis régulièrement des accrochages, des affrontements. Et puis il y a eu la reprise des hostilités il y a deux ans, à l'automne 2020.
L'Azerbaïdjan a eu le dessus et a récupéré des territoires autour du Haut-Karabakh, près de la frontière avec l’Arménie. Finalement, sous l'égide de la Russie, la grande puissance régionale qui a conservé des liens étroits avec ces deux ex-républiques soviétiques, un cessez-le-feu a été conclu. Moscou a envoyé sur place un contingent de maintien de la paix autour du Haut-Karabakh et le long de la frontière arménienne, ce qui n'a pas empêché des incursions azerbaïdjanaises en territoire arménien. Et enfin le long du corridor de Latchine, cette route montagneuse qui est la seule voie d'accès et de ravitaillement de produits en tout genre entre l'enclave et l'Arménie elle-même. Autant dire qu'il s'agit d'un cordon ombilical absolument vital entre l'enclave et sa mère patrie.
La Turquie au soutien de Bakou
Et c'est là, dans ce corridor, que se produit donc le regain de tension depuis le début de la semaine. À Erevan, on dénonce un coup de force de Bakou qui utilise les faux militants écologistes pour établir de fait un blocus de l'enclave, où vivent des dizaines de milliers de personnes totalement dépendantes de ce corridor pour leur vie du quotidien.
Bakou, de son côté, dément toute implication et explique ne pas être responsable des agissements de militants écologistes. Mais le soupçon est là : l'Azerbaïdjan serait donc prêt à mettre toute une population en état de grande précarité, soit pour la convaincre de quitter le Haut-Karabakh, soit pour faire pression sur Erevan pour que l'Arménie accepte l'ouverture d'un autre corridor au sud du pays. Le corridor de Meghri, permettant ainsi un lien direct entre l'Azerbaïdjan et sa province du Nakhitchevan, à l'extrême ouest, et aussi une continuité territoriale entre la Turquie et l'Azerbaïdjan. La Turquie, devenue le grand protecteur de l'Azerbaïdjan au grand dam de l'Arménie, qui pour cette raison refuse d'autoriser ce corridor de Meghri qui la priverait de sa frontière sud avec l'Iran. Bref, une situation sous haute tension qui, on l'espère, va être réglée dans les prochains jours au risque de déboucher sur une reprise des hostilités.
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