Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a rencontré mercredi 21 décembre son homologue américain à Washington, avant de prononcer un discours devant le Congrès. Une séquence sans doute historique qui pourrait constituer un véritable tournant ?

Parfois, à de rares moments de l’histoire, la réalité se transcende pour confiner au mythe. C’est sans doute l’effet que recherchait le président combattant Volodymyr Zelensky, un ancien humoriste raillé par Moscou et qui a fini par accident par totalement incarner le rôle de sa vie, son propre rôle : un homme qui reste fermement debout face à l’ennemi sans chercher à dissimuler sa fragilité et son profond épuisement...
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Zelensky est l’Ukraine et l’Ukraine est Zelensky. Décidé mi-décembre, ce voyage à hauts risques à Washington relève de l’exploit. Le président ukrainien avait tout juste quitté le Donbass, où les tirs d’artillerie ponctuaient les quelques mots dits à la presse, qu’il prenait la route d’une autre ligne de front, diplomatique cette-fois dans le plus grand secret. Le train blindé de Kiev à Lviv proche de la frontière polonaise, puis un avion militaire américain au départ de la Pologne escorté par des avions de chasse au-dessus de l’Atlantique pour rejoindre les États-Unis, véritable base arrière de la guerre en Ukraine.
Quelques heures plus tard, cet homme frêle descendait l’allée centrale du Congrès américain au grand complet sous les ovations, certains parlementaires cherchant juste à le toucher avec une révérence presque mystique... « Votre argent n’est pas de la charité », a-t-il rappelé dans un anglais hésitant « C’est un investissement dans la sécurité internationale et la démocratie... » Pour lui, c’est la victoire ou la mort, à un moment où les opinions s’épuisent face à une guerre de trois cents jours. Dos au mur, Zelensky n’avait pas d’autre choix que ce nouveau coup d’éclat, immensément symbolique, qui pèsera sur l’avenir du conflit.
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Concrètement, le président ukrainien a obtenu ce qu’il voulait : de nouvelles livraisons d’armes, des garanties, mais est-ce suffisant ?
L’état-major ukrainien le répète depuis de nombreux mois, la clé du conflit repose sur l’acquisition du système de missiles Patriot qui permettra à Kiev de protéger son espace aérien et ses infrastructures, la nouvelle cible du Kremlin qui recourt au terrible froid hivernal comme à une arme de guerre, plongeant la population ukrainienne dans l’obscurité glaciale.
Si la livraison du système de défense américain est actée, Zelensky veut davantage d’armes, de munitions et de moyens alors qu’un vote difficile se prépare en début d’année à Washington pour l’octroi massif d’une aide militaire de plusieurs dizaines de milliards de dollars, que certains élus républicains veulent remettre en cause, le dirigeant ukrainien est aussi venu pour que le soutien à l’effort de guerre ne devienne pas une question partisane chez l’allié américain.
Cette visite historique coïncidait aussi - et ce n’est sans doute pas un hasard - avec une grande opération de communication du Kremlin.
Comme on pouvait l’imaginer, rien de bien nouveau à Moscou... Vladimir Poutine, droit dans ses bottes, s’est exprimé devant des centaines de soldats de haut rang, pour annoncer de nouveaux crédits, un renforcement des effectifs, des armes et du potentiel nucléaire plus performants, alors que les services du renseignement militaire américain redoutent une nouvelle offensive sur Kiev en janvier ou février prochain via la Biélorussie avec une réserve fraîche de 200 000 hommes.
Mais le plus significatif restera cette sortie peu rassurante du président russe accusant Washington de mener « une guerre indirecte contre la Russie »... Ce à quoi les Américains ont répondu en affirmant que la Corée du Nord armait la milice de Wagner très présente sur le front ukrainien... Probable prochaine étape pour le président ukrainien : l’annonce d’une visite dans une capitale européenne, l’Europe, le second allié de Kiev.
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