La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen effectue en ce moment une visite aux États-Unis, elle se rendra ensuite au Guatemala et à Belize. Cette tournée diplomatique suscite l’ire de Pékin encore plus que d’ordinaire. Pourquoi ce déplacement suscite-t-il une telle réaction de la part de la Chine ?

Il faut d'abord rappeler que ce n'est pas la première fois que la présidente de Taïwan, en poste depuis 2016, se déplace aux États Unis. La Chine réagit toujours à ce qu'elle estime être une provocation diplomatique de la part d'un pays qu'elle ne reconnaît pas puisque l'île de Taïwan fait partie, selon elle, de la Chine en tant que 23e province qui a fait sécession depuis 1949, mais qui, à terme, doit rejoindre le giron chinois, y compris par la force.
Cette fois, Pékin hausse le ton et parle, sans précisions tout de même, de « représailles » si Mme Tsai Ing-wen rencontre la semaine prochaine en Californie le président de la Chambre des représentants, le républicain Kevin Mac Carthy.
Alors pourquoi une réaction aussi ferme de la Chine ?
Il y a d'abord le rang de Kevin Mac Carthy qui, par sa position, est une des principales figures de l'État américain, même s’il représente l’opposition à Joe Biden. Pékin dénonce en fait l'hypocrisie des États-Unis, qui parlent d'une visite non-officielle, ce qui littéralement est exact, mais autorisent cette rencontre à Los Angeles. Il y a aussi le contexte actuel de très fortes tensions entre Washington et Pékin autour du sort de Taïwan : depuis plusieurs mois, Xi Jingping met la pression sur Taïwan, diplomatiquement et militairement. Et Joe Biden ne cesse de dénoncer cette agressivité chinoise dans le détroit de Taïwan qui pourrait, en cas d'intervention militaire de Pékin, avoir des conséquences Internationales imprévisibles.
Dans ce contexte, la tournée de Tsai Ing-wen a un double objectif : d’abord, renforcer les liens économiques avec les États-Unis et les deux pays d'Amérique centrale où elle se rendra dès ce week-end, le Guatemala et Bélize. Avec le Guatemala, l'aide fournie par Taïwan a frôlé les 90 millions de dollars entre 2013 et 2021, soit davantage que celle attribuée par l'ensemble de l'Union européenne.
Le second objectif de cette tournée est encore plus important : il s'agit de démontrer que l'île nationaliste existe bel et bien sur la scène internationale. Ce sujet est un véritable bras de fer avec Pékin, dans lequel tous les coups sont permis. En quelques années, la Chine a ainsi décroché à son profit neuf pays qui jusque-là privilégiaient Taïwan - notamment en Amérique latine. On peut citer, il y a quelques jours seulement, le Honduras, qui a ainsi suivi l'exemple du Costa Rica en 2007, du Panama en 2017, du Salvador en 2018 et du Nicaragua en 2021.
Pékin reçoit également, au moment même de cette tournée de Mme Wen, l'ancien président taïwanais Ma Ying-jeou, histoire de montrer que tous les Taïwanais ne sont pas des nationalistes anti-chinois, et de mettre la présidente actuelle dans l’embarras. Mais cet activisme chinois a aussi son revers : plus isolé diplomatiquement, plus menacé ces derniers mois, Taïwan se tourne de plus en plus vers son principal fournisseur d'armes, les États-Unis.
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