Joe Biden peut-il contribuer à l’apaisement en Irlande du Nord?
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Le président américain Joe Biden va se rendre en Irlande du Nord à l’occasion du 25e anniversaire des accords du 10 avril 1998. 25 ans après la signature de ces accords dits du Vendredi Saint, sa visite peut-elle porter un message d’apaisement ?

La réponse a priori est oui. Ce lundi 10 avril, le président américain, qui a lui-même de lointaines origines irlandaises et qui est catholique, revêtira de toute façon une importance symbolique forte. Plus largement, les États-Unis ne se sont jamais désintéressés du sort de cette province britannique et avaient d’ailleurs, en coulisses, joué un rôle important dans la mise en place des accords du Vendredi Saint en avril 1998.
Des accords qui avaient mis fin à trente ans d’affrontements sanglants entre d’une part les catholiques républicains, favorables à une réunification avec la République d’Irlande et regroupés autour du Sinn Fein et de sa branche armée, l’IRA, et d’autre part les protestants unionistes, sous la bannière du parti DUP, attaché à tout prix au maintien de l’Irlande du Nord au sein de la couronne britannique.
Tensions et méfiances
25 ans après, ces accords ont permis un véritable apaisement des tensions. Le texte de 1998 a mis en place un exécutif local cogéré par les deux camps. Apaisement donc, malgré des périodes de tension et de méfiance réciproque - tant les logiques d’appartenance communautaire et religieuse ont continué à marquer l’identité des habitants de cette province, en particulier les générations qui avaient vécu cette période de « troubles » pendant trois décennies.
Et de ce point de vue, la très difficile mise en œuvre des conséquences du Brexit dans la province a réveillé les méfiances réciproques : les unionistes en particulier craignaient que l’existence de facto d’une frontière en mer d’Irlande ne favorise à terme l’incorporation du territoire dans la République d’Irlande. D’autant que l’évolution démographique joue en faveur des catholiques. C’est ainsi qu’aux dernières élections, pour la première fois, c’est le Sinn Fein qui est arrivé en tête du scrutin. Autant d’éléments qui ont décidé les unionistes à ne pas participer à un exécutif où ils joueraient les seconds rôles. Et en conséquence, la province n’a pas d’exécutif opérationnel depuis un an.
Une visite qui débloquera la situation politique ?
Situation compliquée, on le voit, même si un signal positif pourrait débloquer la situation. C’est l’accord signé récemment entre Londres et l’Union européenne – le cadre de Windsor –, qui éloigne la perspective de cette frontière de fait en mer d’Irlande qui fait si peur aux unionistes, tout en conservant un des acquis essentiels pour les républicains cette fois des accords de 1998, la libre circulation des personnes et des biens - sans frontières donc -, entre la province et l’Irlande.
Une évolution qui n’a pas encore débloqué concrètement la situation politique. En ce sens, la visite de Joe Biden permettra peut-être une avancée dans ce domaine, peut-être aussi l’annonce d’une aide financière à la province durement frappée par l’inflation. C’est ce qu’espèrent les jeunes nord-irlandais, plus préoccupés de leur pouvoir d’achat et de leur avenir, notamment avec la question du climat, que de querelles identitaires qui leur paraissent dépassées. On le voit, un agenda chargé pour le président américain.
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