Sergueï Lavrov en Amérique latine, une lutte d’influence avec Washington?
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Avec la tournée en Amérique latine du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans certains États anti-américains, la Russie tente-t-elle de consolider son alliance anti-occidentale sur ce continent ?

Après le Moyen Orient, l'Asie, l'Afrique, voici donc l'inoxydable ministre russe des Affaires étrangères en tournée diplomatique en Amérique latine. L'objectif pour Sergueï Lavrov est clair : il s'agit de renforcer l'influence de Moscou dans cette partie du monde. Il renoue ainsi avec la politique extérieure de l'URSS qui avait développé des liens étroits et idéologiques avec des pays comme Cuba, le Nicaragua et plus tard le Venezuela.
Des liens qui n'ont jamais été rompus, y compris sur le plan des échanges commerciaux. Entre 2000 et 2020, ces échanges sont ainsi passés de 5 à 20 milliards de dollars. Sergueï Lavrov va donc parler économie avec ces États, mais surtout resserrer les liens politiques avec ses alliés traditionnels.
Un déplacement important au Brésil
Au-delà de ces visites attendues et logiques, il y a eu le déplacement au Brésil. Un déplacement important pour Moscou à plusieurs titres. Le Brésil, c'est bien sûr la principale économie du continent, membre des Brics comme la Russie. Depuis l'élection de Lula, le Kremlin sait qu'il dispose d'un allié potentiel plus conciliant.
Le Brésil a de grandes ambitions internationales, il vient d'opérer un rapprochement avec la Chine lors de la visite récente de Lula à Pékin. Et surtout, il fait entendre sa différence sur la guerre en Ukraine : il n'applique pas les sanctions occidentales, estime que les États-Unis et l'Europe contribuent à la prolongation du conflit. Et donc, si le Brésil n'est pas un affidé de la Russie, son positionnement intéresse fortement le régime de Vladimir Poutine.
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Une réaction américaine timide
Face à cet activisme russe, Washington réagit étonnamment assez peu. C'est l'un des paradoxes de la politique extérieure des États-Unis, elle est stratégique avant d'être géographique. Depuis la fin des années 90, cette arrière-cour des États-Unis comme on disait alors, a cessé d'être une priorité pour Washington, qui fut pourtant très actif dans les affaires internes de ces pays. À l'exception notable de la Colombie, avec laquelle Washington a maintenu des liens économiques et sécuritaires très importants.
Certes, le président Biden a fait une tentative pour changer cet état de choses lors de son grand forum sur la démocratie, mais sans succès pour l'instant. Et donc, au lieu de parler de lutte d'influence entre Russes et Américains sur le continent, on doit plutôt parler d'une offensive vigoureuse de la part de Moscou pour consolider ce front planétaire anti-occidental qu'elle s'efforce de bâtir contre Washington et ses alliés. Alors que, côté occidental, la contre-offensive se fait plus compliquée que prévu.
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