Après la rébellion avortée de Prigojine, Vladimir Poutine en danger?
Publié le :
Retour sur l’incroyable tentative de rébellion en Russie menée par le chef de la milice Wagner contre l’autorité du Président Vladimir Poutine. Comment Vladimir Poutine gère-t-il ?

Une chose est sûre : l’incroyable épopée de la milice Wagner samedi 24 juin, cette marche forcée vers Moscou qui s’est soudainement interrompue à environ 300 km de la capitale – sans que les raisons de cet arrêt soient encore clairement connues, l’ensemble de cet épisode a secoué les fondements du régime de Vladimir Poutine, notamment l’assurance de la force et de la stabilité promises par lui depuis son accession au pouvoir il y a plus de vingt ans, et qui rend pour une bonne partie de la population plus ou moins acceptable l’évolution de ce régime vers une autocratie ces dernières années.
Du coup, affaibli temporairement, voire humilié, le chef du Kremlin doit passer à la contre-attaque. Montrer que tout est rentré dans l’ordre, qu’il a évité un bain de sang en se montrant magnanime envers Prigojine et les membres de la milice Wagner. D’où ses prises de paroles successives, 11 en trois jours, d’où aussi cet étonnant bain de foule au Daghestan, ou l’on voit un dirigeant adulé, qui prend des selfies avec une petite fille – bref qui se montre très humain.
Début de chasse aux sorcières
Toute cette opération de communication dit en creux la fébrilité qui a saisi les responsables russes. Mais derrière cette tentative de reconquête de l’opinion se cache aussi la vraie nature de Poutine et son régime. La chasse aux sorcières, plus précisément la vengeance contre ceux qui se sont rendus coupables de complicité avec Prigojine, a donc commencé. Plusieurs signaux le laissent penser.
Plus de nouvelles du général Sourovikine depuis samedi, un général respecté et cruel – surnommé général Armageddon. C’est un proche de Prigojine depuis leur coopération lors de l’intervention russe en Syrie en 2015. Il était par ailleurs membre « VIP » du groupe Wagner depuis 2018. Samedi dernier, il a pourtant appelé Prigojine à cesser sa mutinerie – mais peut-être sous la contrainte. Et Sourovikine est sans doute le premier d’une longue liste.
Pas de nouvelles non plus d’une des deux bêtes noires de Prigojine, le chef d’état-major Valery Gerassimov. Opération séduction, début probable d’une purge au sein de l’armée et des services, c’est la stratégie à deux faces adoptée par Vladimir Poutine qui doit, coûte que coûte, reprendre le contrôle des choses pour poursuivre la guerre en Ukraine, un conflit qui menace autant qu’il conditionne la survie de son pouvoir – et donc la sienne.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne