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La guerre en Ukraine, un conflit idéologique entre démocratie et autoritarisme?

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Retour sur les déclarations des pays occidentaux lors du sommet de l’Otan à Vilnius. Certains dirigeants, dont Joe Biden, ont insisté sur le fait qu’à la fin, face au totalitarisme, la démocratie vaincra. Le conflit en Ukraine accentue-t-il cette guerre de civilisation entre modèle démocratique et autoritaire ?

Volodymyr Zelensky et Joe Biden en marge du sommet de l'Otan, le 12 juillet 2023, à Vilnius, en Lituanie.
Volodymyr Zelensky et Joe Biden en marge du sommet de l'Otan, le 12 juillet 2023, à Vilnius, en Lituanie. © REUTERS / KEVIN LAMARQUE
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Ce qui se joue en Ukraine, au-delà du conflit proprement dit, est aussi un affrontement entre deux visions sociétales et politiques, insistant sur des valeurs de tolérance, de respect des droits de l’individu et des libertés publiques pour les démocraties, et sur l’importance de l’identité nationale, d’un modèle de société plus traditionnel, avec souvent des libertés publiques réduites ou anéanties et un exercice du pouvoir solitaire et vertical pour les régimes autoritaires.  

Cet affrontement, il a toujours existé, notamment entre la Chine et les États-Unis. Cependant, il se durcit ces dernières années avec des tensions bilatérales comme le sort de Taïwan revendiqué par Pékin, mais qui est protégé par les États-Unis. Ils soutiennent le régime démocratique installé sur l’île qui refuse la mainmise chinoise. L’évolution de certains pays comme la Russie ou même l’Inde, vers une démocratie de pure façade, et de fait une pratique de plus en plus autoritaire du pouvoir, a contribué à crisper les relations entre l’Occident et certaines grandes puissances émergentes.

De la cohabitation au face à face

Mais, c'est l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a transformé cette difficile cohabitation en face à face. Pour de nombreux experts sur la Russie, la question de la démocratie a été la véritable raison de l’offensive en Ukraine. Loin des motifs invoqués par Vladimir Poutine, qui doit être un des seuls à y croire, (le besoin de dénazifier le régime de Kiev, ou la volonté de l’Otan de s’installer en Ukraine), c’est bien la démocratisation accélérée de l’Ukraine sur le modèle européen, qui a décidé le maitre du Kremlin à agir. Tout simplement par peur d’une possible contamination des idées libérales en Russie. Plus de liberté pour les individus, des élections libres et transparentes, le respect des oppositions, des libertés de presse et de manifestation, tout cela a fait peur au dirigeant russe qui sait qu’une telle évolution chez lui signifierait assez vite la fin de sa mainmise et donc de son pouvoir.  

Défendre un modèle de société sur le sol ukrainien

Du côté occidental, ce conflit est également présenté comme la lutte entre la liberté et la coercition. Joe Biden en particulier, en fait la matrice de sa politique étrangère : c’est selon lui ce conflit qui menace l’équilibre du monde. Et si les Occidentaux aident massivement Kiev à se défendre, c’est parce que, à travers l’Ukraine, c’est leur modèle qu’ils défendent.

D’où sans doute les réticences et hésitations de nombreux pays du Sud qui ne se reconnaissent pas forcément dans cet antagonisme et dénoncent le fait que les Occidentaux pratiquent la démocratie chez eux, mais veulent maintenir leur domination sur le reste du monde, exploiter ses richesses à leur profit.

Quoi qu'il en soit, l'issue, incertaine pour l’heure, du conflit en Ukraine aura des conséquences importantes sur ce face-à-face entre démocraties et autocraties. Un face-à-face qui est devenu une compétition pour le leadership mondial.

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