Au Bénin, la ville de Cotonou se met au street art. Après le mur des cheminots, c'est maintenant le mur du port qui a été transformé en fresque murale d’envergure. Avec ses quatre kilomètres linéaires, elle devrait devenir la plus longue fresque murale du monde. Le quart est déjà peint avec le soutien du gouvernement. Une trentaine d’artistes béninois et du monde, dont le célèbre brésilien Eduardo Kobra, ont co-réalisé cette immense galerie à ciel ouvert.

La révolution du street art au Bénin a démarré en 2013 avec le festival Effet graff qui a transformé la vieille et défraichie clôture des cheminots en couleurs sur 940 mètres. Dix ans après, l’initiateur Laurenson Djihouéssi, grand amateur d’art urbain, cible la clôture du port de Cotonou sur le plus grand et le plus beau boulevard de la ville, la Marina.
À proximité de la célèbre statue de l’amazone et du palais présidentiel, Laurenson Djihouéssi a rassemblé plusieurs muralistes venus des quatre coins du monde pour réaliser l’œuvre, il les cite lui-même : « Tipam, Docteur Mario, Fatiou Akindé, Houngnibo, Sizogan, Zinkpè, Sitou de France Madzo, Becker One, Eduardo Kobra du Brésil. C’est un meddley de près de 25 artistes ».
Ils ont paré le boulevard de la Marina de dizaines de fresques spectaculaires mettant en scène l’Afrique et le Bénin. Les illustrations béninoises concernent sa culture, ses traditions, ses mystères, sa joie de vivre, ses personnages ou encore ses divinités.
Ayi Typam a réalisé une fresque sur les revenants, une société secrète. Cette divinité crainte incarne les êtres chers décédés. « Ici, il y a des personnages qui jouent du gangan, le rythme sur lequel les revenants dansent. Les revenants qui sont là sont en mouvement. Il y a en arrière-plan des spectateurs qui suivent la scène. Les yorubas croient que les âmes de leurs défunts sont encore avec eux, pour eux les morts ne sont pas morts », raconte-t-il.
Sur ce mur trône une belle œuvre sur le vivre ensemble entre les religions et les communautés. Elle a été réalisée par le Brésilien Eduardo Kobra, icône des fresques monumentales.
Une idée et une commande de la fondation de Claudine Talon, première dame du Bénin. Le couple présidentiel est passionné d’art.
« Ça valorise le Bénin »
Comme le mur des cheminots, celui du port est également plébiscité. En semaine comme en week-end, il attire et accueille de nombreux visiteurs de tous âges et de tous horizons. Au pied du mur, nombreux sont ceux qui viennent contempler l'oeuvre. « On dirait que le mur a été imprimé en 3D », raconte un homme. « C’est beau. C’est joli, très joli même », confie un autre alors qu'un autre « fait juste des photos pour les garder en souvenir ».
Une jeune femme se réjouit : « Ça valorise le Bénin, c’est très beau. C'est un truc de ouf ! J’apprécie beaucoup quand je vois des choses comme ça, je suis fière d’être au Bénin ». Un constat partagé par les autres passants : « Ça attire, il faut s’arrêter et faire des photos. Je suis Burkinabè, j’étais à Lagos, au retour, j'ai fait une escale pour visiter Cotonou, je vois que l’endroit est idéal, calme, c’est vraiment intéressant ».
Le promoteur Lorenson Djihouéssi et son association sont flattés par le succès, les retours et les retombées médiatiques. Il n’y a pas meilleure motivation. « L’objectif est de réaliser la plus longue fresque murale au monde. Nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. Notre ambition est de faire des murs du Bénin, des musées à ciel ouvert et de faire parler les murs », explique-t-il.
Cette murale à l'entrée de Cotonou en venant de l’aéroport est la plus imposante, la plus spectaculaire, la plus photographiée... Elle est devenue un incontournable béninois.
À lire aussiLes autres épisodes de notre série Les murs du monde
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne