Les ports du monde nous emmène en Belgique, où les ports d'Anvers et de Bruges viennent de fusionner. Leur ambition : être un modèle de port vert et durable. Pour cela, le deuxième port d'Europe mise sur l'importation d'hydrogène et la captation de CO2.

Des conteneurs à pertes de vues. Dans le chenal du port d'Anvers, près de 290 millions de tonnes de marchandises sont chargées et déchargées chaque année. Sur ces kilomètres de quais, des conteneurs et des cheminées d'où s'échappent des fumées blanches. Michel Lory organise les visites du port en bateau. Il connait les moindres de recoins de ces 13 000 hectares : « Ce qui rend le port d'Anvers si unique, explique Michel Lory, c'est la présence de sociétés chimiques, donc de production. Les ports dans le monde, c'est du chargement/déchargement avec un petit peu d'industrie à côté, mais à Anvers, il y a les deux, et les deux sont gigantesques. »
Ces entreprises chimiques, c'est le poumon économique des Flandres. Sur les 600 000 travailleurs que comptent le port, plus de 42% le sont dans ces centres de production. Avec des entreprises comme Total, ExxonMobile et le géant britannique de la chimie Ineos : « Les pétrochimiciens doivent modifier radicalement leur façon de faire, le port doit travailler toute l'énergie dont il a besoin, il doit verdir effectivement, et le challenge est gigantesque. Il est aussi gigantesque que le port. » poursuit le guide.
18 millions de tonnes de CO2 : les émissions de carbone du port d'Anvers sont impressionnantes. L'objectif affiché est de les réduire de moitié d'ici à 2030. Et pour l'atteindre, il y a de nombreux chantiers et investissements. Notamment un système de capture et stockage de ce CO2. « On va construire des canalisations, on va construire un terminal qui va liquéfier le CO2 pour pouvoir l'exporter vers des gisements gaziers dans la mer du Nord, explique Jacques Vandermeiren, directeur général du port d'Anvers-Bruges. Ça, c'est la phase 1, la phase 2, c'est d'offrir une possibilité aux entreprises d'avoir une alternative au gaz et au pétrole aujourd'hui. Et donc là, on arrive inévitablement à l'hydrogène, l'hydrogène vert, produit à base d'énergies renouvelables. »
L'hydrogène vert, pour Jacques Vandermeireen, c'est la clé de cette fusion entre le port de Bruges situé sur la côte et celui d'Anvers qui est à 80 kilomètres de la mer : « C'est beaucoup plus intéressant d'avoir un terminal d'hydrogène puis de construire des canalisations pour amener l'hydrogène vers des entreprises et les consommateurs dans l'arrière-pays. Et l'arrière-pays, ce n'est pas seulement la plateforme anversoise, c'est aussi l'arrière-pays allemand, français, etc. Donc, ça va être une porte d'entrée pour les énergies vertes du futur, ce qui est absolument indispensable pour réaliser cette ambition de neutralité climatique en 2050. »
La fusion des deux ports permet aussi de s'agrandir et de peser face au géant Rotterdam, premier port européen qui multiplie les projets d'extension. Annick De Ridder est vice-maire d'Anvers et présidente du conseil d'administration des deux ports réunis : « Nous visons haut ! Nous voulons devenir le premier port importateur d’énergie verte en Europe. Et nous ne pourrons réaliser cela qu’en travaillant très proches, ensemble. »
Mais l'activité croissante, notamment à Anvers, pose des problèmes de capacité. Il n'y a plus de place, reprend Michel Lory, le guide portuaire : « On est à 80% de notre capacité, on est en fait assez contents de fusionner avec Zeebrugge pour pouvoir permettre quelques types d'alternatives pour nos clients, qui commencent déjà à grogner. »
Un agrandissement est prévu d'ici à 2030, un peu tard, explique le guide, montrant sur la carte un peu plus au nord le principal concurrent Rotterdam qui enchaîne les succès.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne