Le port de Gdańsk, le rêve d’un hub pour l’Est de l’Europe
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Situé au nord de la Pologne, le port de Gdańsk occupe en mer Baltique une place de leader face à ses concurrents russes, lituaniens ou scandinaves. Son dynamisme et ses infrastructures en font un port de substitution pour ses voisins ukrainiens. Mais le polonais voit plus grand.

Ils sont cinq. Comme les doigts de la main. Les cinq terminaux qui s'étalent jusqu'à l'horizon. Du haut de la tour de contrôle du trafic maritime, Michał Stupak, responsable des relations clients, ne cache pas son émotion quand il désigne d’un geste large de la main les structures alentour.
« Ce que vous voyez devant vous, c’est un terminal d’hydrocarbures construit en 1975, le plus grand de Pologne, avec son réseau de pipelines, vante-t-il. Un grand pétrolier vient de s’amarrer, mais je ne peux pas vous en dire plus. Les contrats signés il y a deux ans avec notamment l’Arabie saoudite, et aussi dans une moindre mesure avec l’Algérie, nous ont permis de ne plus dépendre de la Russie. Le dernier train de sanctions européennes a d’ailleurs complètement stoppé les importations de pétrole russe ».
D’autres biens transitent par ce port polonais : gaz liquéfié, charbon, minerais, céréales et toutes sortes de marchandises. Avec plus de 53 millions de tonnes traitées en 2021, un record, Gdańsk occupe désormais la deuxième place sur la mer Baltique après le port russe d’Oust Louga. Et il vient de rafler la première place pour ce qui est du trafic de conteneurs.
Expédier le blé ukrainien dans le monde
Construit en 2016, le port en eaux profondes accueille de gros porte-conteneurs. Les noms des leaders mondiaux du transport maritime s’affichent en grandes lettres sur des conteneurs transbordés depuis des bateaux à l’aide de grues coulissantes, dans un va-et-vient incessant. À quelques kilomètres de là, sur le quai d’Oliwa, une nuée de poussière flotte au-dessus des camions. Michał Stupak pense savoir d’où provient la précieuse marchandise : « C’est sans doute du blé ukrainien. Les infrastructures existantes nous permettent de gérer les flux moyens, mais bientôt on manquera de place. Nos partenaires songent à construire de gros sites de stockage à trois kilomètres de là. Ils permettraient d’expédier le blé dans le monde entier en chargeant plus rapidement de gros bateaux de 40 000 tonnes et plus ».
Cela impliquerait de transporter ce blé par voie ferrée depuis l’Ukraine jusqu’au port de Gdańsk. Varsovie estime possible de doubler les quantités de blés transitant par la Pologne, ce qui représenterait un tiers du blé exporté habituellement par l’Ukraine en temps de paix. Mais cette volonté se heurte à de nombreux défis logistiques. Tout d’abord, l’état insuffisant du réseau ferroviaire polonais. Puis, l’écartement des rails qui est différent en Ukraine et en Pologne. En conséquence, la céréale doit à chaque fois être sortie du train ukrainien, remise dans un train européen, et acheminée jusqu’au navire. C’est un processus lent, complexe et coûteux. La Pologne aura besoin d’aide pour mettre en route ce projet ambitieux.
Une porte vers l’Est et vers l’Asie
Mais il en faudrait plus pour décourager Łukasz Greinke, le président du port. Un plan d’investissements pour les dix ans à venir est déjà en route : « Nous investissons 100 millions de zlotys par an. L’argent provient de nos fonds propres et de financements européens. Nous devons préparer l’avenir. Une crise alimentaire serait quelque chose de terrible. Mais il y a aussi d’autres problèmes. Les minerais ou les produits métallurgiques ukrainiens doivent pouvoir être exportés, plusieurs secteurs de l’économie mondiale en dépendent. Nous voulons être là. Nos plans d’investissements incluent notamment la modernisation des quais et l’agrandissement du terminal à conteneurs. Il est aussi question d’unité flottante de stockage et de regazéification du gaz naturel liquéfié. Sans oublier l’agrandissement du terminal d’hydrocarbures. Tous ces investissements ont pour but d’augmenter la compétitivité de Gdansk ».
Objectif : être parmi les dix premiers ports européens, aux côtés des ports allemands et néerlandais.

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