«Ralentir» au parc national de la Comoé, le plus grand d'Afrique de l'Ouest
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Dans le nord de la Côte d’Ivoire, « ralentir » rime avec renouer avec la nature. Notre correspondante a suivi des ouvriers et des ingénieurs dans les BTP, partis méditer et s'oxygéner dans le parc national de la Comoé. Pendant les années de crises politiques, ce site a souffert du braconnage. Mais depuis quelque temps, ce parc revit et les espèces disparues ont recolonisé les espaces. Ce site, géré par l'Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), commence à réintégrer progressivement les circuits d'écotourisme.

De notre correspondante de retour du parc de la Comoé,
Ce matin-là, Jean-Luc et ses collègues embarquent dans une voiture pour visiter le parc de la Comoé. Les voilà plongés au milieu du parc, les yeux rivés sur la végétation. Très vite, de grandes antilopes font leur apparition. « Je n'ai jamais vu ça, je n'en vois qu'à la télé ! Mais je n'ai jamais vu ce genre d'animaux… J'arrive même à capturer leur traversée. Ils nous observent ! Là, ils s'arrêtent, ils nous observent (rires)… », s'émerveille Jean-Luc.
Mamadou Koné, le guide rural de l'Office ivoirien des parcs et réserves, leur propose ensuite, une petite randonnée au sommet d'une colline : « On va observer cinq minutes de silence. On va écouter la nature, profiter du vent, de l'air qui passe, afin de se ressourcer, de faire des vœux intérieurs. »
Le sous-lieutenant Inza Bamba, l'agent de surveillance, montre l'exemple. « Inspirez par la bouche, puis expirez, conseille-t-il. Quand on est dans ce milieu-là, qu'on est entouré d'arbres uniquement, on en profite pour oxygéner les poumons. Quand [les visiteurs] viennent, on leur dit de ne pas seulement se focaliser sur l'observation d'animaux. Par la structure même, la diversité florale… Quand vous regardez ici, depuis le début, on a eu un changement assez continu de la végétation. Ici même, c'est plus la savane arborée, selon la hauteur des arbres. »
« Vivre à l'état brut »
Assis sur une pierre, Didier Yeo, se reconnecte avec la nature. Cet ingénieur redécouvre des essences d'arbre. « La calebasse, cet arbre qu'on utilise pour fabriquer des balafons, ce sont des arbres qui ont pratiquement disparu chez nous, au nord, à Ferké, Korhogo. Mais j'en vois ici en pagaille. Et puis, il y a des animaux dont nos parents nous parlaient dans les contes. Par exemple, il y a des "dagbè", ça ressemble à un bœuf, avec la bouche blanche… Ici, j'en ai vu. Alors que depuis mon enfance, on ne faisait que me raconter ça dans les histoires. Je n'en avais jamais vu avant », confie-t-il.
Pour l'heure, peu de visiteurs profitent de cette bouffée d'oxygène, le parc ayant longtemps pâti de la situation sécuritaire instable au nord de la Côte d'Ivoire. Cette zone est désormais sécurisée et les activités reprennent peu à peu. Pour l'instant, le profil des visiteurs est encore limité, comme l'explique le capitaine Roger Kouadio, le directeur du parc : « La plupart des personnes qui viennent ici, 70 à 80%, ce sont des [touristes] nationaux. Ce sont des élèves, des travailleurs, des mutuelles, qui viennent découvrir les potentialités du parc national de la Comoé. »
À la sortie du parc, Didier Yeo sent son téléphone vibrer dans sa poche. « J'ai reçu des messages, parce que là, on capte mieux le réseau. Des gens ont tenté de m'appeler, mais bon… En tout cas, il faut souvent se débarrasser de toutes ces choses-là, et puis vivre un peu à l'état "brut", comme avant qu'il y ait toutes ces technologies. »
À ses côtés, Alice est aussi satisfaite : « Tu te détends, tu vois les animaux en vis-à-vis… Ce qu'on voit dans les documentaires. Aujourd'hui, on a pu voir avec nos propres yeux. Si j'en avais la possibilité, chaque week-end, je ne pourrais pas rester à Abidjan. J'irais à l'intérieur du pays : c'est beau, il y a de l'air frais… »
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