New Start: suspension du dernier traité de désarmement nucléaire
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Mardi 21 février, dans un virulent discours au relent de guerre froide, Vladimir Poutine a annoncé le retrait de la Russie du traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire. Cette décision a été approuvée par les deux chambres du Parlement russe et dénoncée à l'unisson par les puissances occidentales. Que dit ce traité de désarmement nucléaire ? Sa suspension représente-t-elle une menace ? Éléments de réponse avec Lignes de défense.

Quand en 2010, le traité a été signé entre Barak Obama et Dimitri Medvedev, l’heure était encore à la détente. L’accord prenait la suite du traité de désarmement Start I signé en 1991. Un véritable point d’équilibre puisque dès l’arrivée de Joe Biden à la maison Blanche, New Start a été prolongé jusqu’en 2026, rappelle le géopoliticien Cyrille Bret, « New Start c’est un traité bilatéral entre les États-Unis et la Fédération de Russie, pour la réduction du nombre d’ogives nucléaires et du nombre de missiles. C’est donc un traité de contrôle et de limitation des armements nucléaires. La Russie vient d’annoncer la suspension, pas son retrait, mais la suspension de l’application du traité New Start pour éviter les inspections destinées à vérifier le respect de ces limitations en termes de nombre d’ogives et de vecteur. »
Dans le détail, le traité limite les arsenaux des deux puissances nucléaires à un maximum de 1.550 ogives chacun, il limite aussi le nombre de lanceurs et de bombardiers lourds à 800. Sa suspension est donc un très mauvais signal envoyé par Moscou. « C’est un signe de défiance bilatérale très net de la part de la Russie », dit Cyrille Bret. « Le motif invoqué par le Président russe dans son discours à l’assemblée fédérale, c’est qu’il veut éviter que des militaires américains viennent réaliser des inspections sur les armements nucléaires russes pour pouvoir les dénombrer et pour pouvoir également les localiser. C’est donc une mesure qui vise du côté russe à rendre la connaissance occidentale de l’arsenal russe beaucoup moins grande. »
Mais cette décision n’est pas définitive, Moscou peut encore réintégrer l’accord… « Mais c’est peu réaliste étant donné la conjoncture stratégique » souligne Cyril Bret, « et un autre obstacle, celui-ci qui tient à la négociation, est le fait que le Président russe a réclamé que la France et le Royaume-Uni soient associés à ce traité. Conclure un traité bilatéral est déjà bien compliqué en matière nucléaire, mais conclure un traité entre quatre puissances nucléaires est encore plus complexe et prête, évidemment, à de nouvelles difficultés. »
La décision de Vladimir Poutine n'implique pas que la Russie augmentera nécessairement son nombre de têtes nucléaires. Mais le Kremlin se réserve néanmoins le droit de mener des essais nucléaires au cas où les États-Unis le feraient en premier.
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