Le 28 août dernier est apparue au Niger, sur les réseaux sociaux, une attaque informationnelle visant à mettre en cause les armées françaises, accusées de planifier une opération militaire contre le Niger, en appui de la CEDEAO. Si ces infox n'ont pas pu être attribuées, elles comportent tous les éléments précédemment utilisés au Mali et au Burkina Faso par le groupe Wagner.
Il est apparu au Niger, sur les réseaux sociaux, un document aux allures officielles de la République française, plus précisément un document militaire frappé des mentions « Secret défense » et « Diffusion restreinte ». Mais le faussaire en a trop fait : dans un document militaire français, les deux mentions apposées côte à côte cela n'existe pas. C'est un faux ordre d'opération, avec de nombreuses maladresses, fautes d'orthographe comprises, attribué à une prétendue Task Force Phénix. Il détaille les opérations à venir, planifiées par la France, dans le cadre de l'intervention militaire de la Cédéao contre la junte nigérienne.
Dans le sillage de la diffusion de ce document présenté comme une fuite, il y a aussi de nombreuses infox accusant la France d'armer les terroristes et de piller les ressources du Niger. Un mode opératoire bien connu dans la région pointe Jonathan Guiffard chercheur à l'Institut Montaigne : « C’est un mode opératoire effectivement connu, déjà utilisé au Mali, déjà utilisé au Burkina Faso et aussi déjà utilisé au Niger avant le coup d'État. Donc c'est assez peu surprenant qu’une fois le coup d'État consommé, on va dire en tout cas déclaré, ces modes opératoires se réactivent et se réactivent avec les arguments que vous avez dit qui sont toujours les mêmes. Des complots. Il y avait aussi une campagne sur un soi-disant kidnapping d’enfant par les forces françaises, il y avait de nouveau des campagnes sur les ressources, l'uranium, l'or, donc c'est tout à fait classique et désormais rodé. »
Faux documents, chambre d'écho des réseaux sociaux activées, narratif antifrançais... Dans cette manœuvre informationnelle, relève Jonathan Guiffard tous les ingrédients de la méthode Wagner sont là...
« Vous avez encore les Russes au Mali, vous avez encore des Russes en République centrafricaine et vous avez encore tout leur dispositif en Russie. Et effectivement, plusieurs campagnes ont été relayées très rapidement par les réseaux, par exemple de Wagner. Donc, je pense que ce sont toujours les Russes qui s'activent avec les gens qu'ils ont recruté localement et en fait, il n’y a pas de changement, ni dans les acteurs ni dans les méthodes. Vous avez une colère assez importante qui porte ce coup d'État. Vous avez un soutien populaire assez fort désormais autour de la junte et de l'armée, mais derrière, vous avez les acteurs russes qui ont juste à instrumentaliser cette colère, à rajouter de l'huile sur le feu, précisément pour essayer de consolider ce coup d'État qui leur offre une opportunité peut être dans le futur de nouvelles coopérations, de nouveaux contrats et qui leur permet aussi de mettre la France en difficulté ».
Reste que la réelle portée de cette campagne d'infox est à nuancer... Car le Niger compte moins de 500 000 utilisateurs des réseaux sociaux. La radio y est toujours le média roi.
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