Le chasseur «Rafale», cœur battant de Dassault aviation
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Le Rafale, emblématique avion de chasse de l'armée de l'air française, est encore là pour trente ans ou plus, assure Eric Trappier, le patron de Dassault aviation. Mardi 5 décembre dernier, devant l'Association des journalistes de défense (AJD), Éric Trappier a défendu le programme Rafale, il a aussi précisé sa vision de l'avion du futur et des craintes qui sont les siennes pour cet appareil de sixième génération, co-produit avec l'Allemagne.

Premier message d'Eric Trappier : le Rafale demeure le cœur battant de Dassault. Avion de chasse dont il a longtemps été dit qu'il était invendable... Aujourd'hui, près de 500 avions ont été fabriqués, dont 243 vendus à l'étranger : « J'ai arrêté de compter » plaisante le patron de Dassault, car en cette fin d'année, l'avionneur a encore plusieurs fers au feu. Un contrat de 26 Rafale marine en passe d'être signé avec l'Inde, une nouvelle tranche de 18 appareils pour l'Indonésie et peut-être même un méga contrat en vue avec l'Arabie Saoudite, ce serait une première pour ce pays qui a toujours acheté des appareils américains ou britanniques. Le Rafale, c'est une success story, mais il a fallu s'accrocher, assure Eric Trappier : « Il faut être tenace quand on pense avoir raison, c'est compliqué d'avoir raison avant tout le monde. Je pense que le Rafale a été en avance sur son temps. Serge Dassault s'est battu comme un lion pour dire que cet avion était un bon avion et qu'il se vendrait un petit peu partout. Tous les ingénieurs qui ont travaillé sur le Rafale avaient vu juste. »
Succès pour le Rafale...
En 2024, trois avions sortiront chaque mois de l'usine de Mérignac, et le carnet de commande affiche plein pour dix ans. Sans export, pas de Rafale, car exception faite de la Grèce et de la Croatie, le chasseur ne s'est guère vendu en Europe, déplore Eric Trappier : « 80% des achats en Europe ne sont pas Européens, 80% ! Donc c'est la solution de facilité : j'achète aux Américains et en contrepartie, ils sont là et ils protègent. Vous voyez les budgets qui sont mobilisés quand même dans le domaine de la défense en Europe. Donc si la Commission européenne pouvait faire une préférence européenne, vous savez, ça fait à peu près 20 ans que je pousse l’idée, ça serait pas mal, car nous ne sommes pas encore dans la défense européenne, on en est loin. »
Difficultés avec le Scaf
Le Scaf, l'avion du futur, est co-produit avec l'Allemagne. Ce qui fait débat, c'est la garantie de pouvoir justement exporter l’appareil. Car l'actuel refus du Bundestag, le Parlement allemand, de vendre des Eurofighter à l'Arabie saoudite pose problème. Éric Trappier ne veut pas s'engager dans ce qui pourrait devenir une impasse commerciale : « Ça pose en fait la question de la garantie donnée par les Allemands, si un jour il y avait un avion de combat franco-allemand, qu'on puisse l'exporter dans les pays qui sont nos pays traditionnels. Car il faut avoir l'accord de ceux qui sont autour de la table pour arriver à exporter ou sinon ils bloquent. Donc il y a des mécanismes qui ont été définis pour dire si on fait une coopération, on s'engage à ne pas bloquer. Il faut juste y croire ! Est-ce que le Bundestag s'assure que ce qui a été défini aujourd'hui s'appliquera dans 20 ans ? Si aujourd’hui, ça n’a pas d’impact, ce pourrait être le sujet de demain ou d’après-demain ».
Dans ce contexte où les européens, entre eux, ne se font pas de cadeau, Dassault semble vouloir à tout prix conserver son autonomie, ce qui, jusque-là, ne lui a pas trop mal réussi.
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