Une entreprise française spécialisée dans le développement et la conception de dispositifs médicaux vient d’inaugurer la première prothèse capable de reproduire la plupart des mouvements naturels de la jambe. Elle permet aux personnes amputées des membres inférieurs de retrouver une certaine liberté dans leur déplacement, sans se soucier de la configuration des terrains qu’ils abordent.

Cette jambe artificielle « mécatronique », c’est-à-dire intégrant à la fois des composants électroniques et des éléments purement mécaniques, a été fabriquée pour des raisons de légèreté, avec des fibres de verre et de carbone. La prothèse restitue l’ensemble genou-cheville-pied chez les personnes amputées des membres inférieurs. Cette jambe est pilotée par des microprocesseurs et des programmes informatiques permettant une analyse intelligente des situations de marche, comme celles de monter un escalier, de descendre une pente ou de se promener sur un sentier forestier, par exemple.
Dotée de capteurs environnementaux, la prothèse reconnaît automatiquement les styles de marche de son porteur, et lui octroie ainsi en toute circonstance une démarche plus fluide, presque naturelle, nous précise Nicolas Piponniau, directeur R&D des dispositifs chez Protéor.
« La prothèse Synsys a été développée grâce à l'Agence innovation défense et c'est essentiellement ça qui nous a permis de fédérer tout un écosystème de recherche. Avec le service de santé des Armées, le Centre d'études et de recherche de l'appareillage des personnes handicapées qui dépend des Invalides et également l'Institut de biomécanique humaine Georges Charpak », explique Nicolas Piponniau.
Vers une prise en charge par l'Assurance maladie
Puis, il ajoute : « Cette prothèse est dans la classe des prothèses dites "à microprocesseur". C'est-à-dire qu'elle a une électronique embarquée et également différents capteurs : central inertiel, capteur d'effort, capteur d'angle et de plus, la personne a envie d'avoir le genou verrouillé ou au contraire libre pour faire du vélo, elle peut changer les modes via son smartphone. Ce qui est unique sur Synsys, c'est qu'elle permet de faire un mouvement de squat, c'est-à-dire de s'accroupir. On peut modifier la hauteur du talon, ce qui va permettre pour les dames d'avoir des talons. On a donc plus de liberté dans le choix de ses chaussures. »
La prothèse dénommée Synsys par ses concepteurs est déjà commercialisée. Cet appareillage de haute technologie nécessite toutefois à son futur acquéreur de débourser plus de 80 000 euros. Mais l’entreprise Protéor assure que sa jambe « bionique » est en passe de bénéficier d'une prise en charge par l'Assurance maladie. La France compte environ 100 à 150 000 personnes amputées des membres inférieurs ou supérieurs. Et 80% de ces opérations chirurgicales lourdes sont réalisées à la suite de complications d’une maladie vasculaire. Elles concernent, en grande majorité, des personnes diabétiques et des fumeurs.
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