Politique, le choix de la semaine

Pourquoi Macron rouvre le débat sensible de la fin de vie

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C'est l'une des annonces marquantes de la semaine. Une convention citoyenne sera lancée en octobre sur la fin de vie avec la possibilité d'une nouvelle loi en 2023. Emmanuel Macron rouvre ce débat sensible en France. Pourquoi le chef de l'Etat prend-il le risque de s'attaquer à ce chantier maintenant ?

Emmanuel Macron face aux membres de la convention citoyenne pour le climat, lundi 29 juin 2020 (illustration).
Emmanuel Macron face aux membres de la convention citoyenne pour le climat, lundi 29 juin 2020 (illustration). REUTERS/Christian Hartmann/
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Emmanuel Macron ne sera plus président en 2027, c'est son dernier quinquennat à la tête du pays, et il pense certainement déjà à la trace, au souvenir qu'il laissera après son départ. Et les réformes sociétales sont bien souvent celles qui restent en mémoire, celles qui marquent un mandat. On se souvient de François Hollande avec le mariage pour tous. François Mitterrand et l'abolition de la peine de mort. Valéry Giscard d'Estaing - et surtout Simone Veil - pour la dépénalisation de l'avortement. À chaque fois, le pouvoir prend à rebours une grande partie de l'opinion publique, malgré les manifestations, les oppositions politiques très dures. Et à chaque fois, quelques années plus tard, ces grands changements sont devenus la norme. Et ils restent dans l'Histoire politique française. C'est peut-être ça aussi qui motive aujourd'hui Emmanuel Macron.

Des partis politiques divisés

Que feront les partis politiques si un texte arrive à l'Assemblée nationale ? La question de la fin de vie touche à l'intime, tout le monde a un avis très personnel sur le sujet, des histoires familiales en tête. Il n'y a donc pas de position unique et officielle dans les groupes politiques. Exemple chez Les Républicains : les prétendants à la présidence du parti Bruno Retailleau et Aurélien Pradié ne veulent pas étendre les possibilités de fin de vie alors que plusieurs députés LR ont poussé pour un nouveau texte à l'Assemblée. Au Modem où on laissera chacun décider selon ses convictions. Au Rassemblement national, c'est aussi compliqué. Quand le maire de Perpignan et candidat à la tête du RN Louis Aliot veut en rester à la loi Léonetti pour « ne pas ouvrir la porte aux euthanasies », Marine Le Pen, elle, propose un référendum sur le sujet. A Horizons, le parti d'Edouard Philippe, un cadre souhaite aussi un vote des Français sur le sujet : « ce serait un référendum noble », explique ce député, « car ce ne serait pas un vote pour ou contre Macron ». Si les parlementaires devaient se prononcer sur une extension de la loi actuelle, il n'y aurait pas de consigne de vote, vues les divergences internes à tous les partis. Ce qui pourrait donner des débats explosifs à l'Assemblée.

Dépolitiser le sujet ?

Politiquement, le sujet est risqué. C'est pour ça qu'Emmanuel Macron se tourne vers les citoyens. C'est une façon de tenter de « dépolitiser » la fin de vie, de sortir la question du seul espace politique. Mais ça, c'est la théorie. On a vu avec la convention citoyenne sur le climat que l'opération s'est retournée contre le chef de l'Etat, accusé d'inaction climatique pour n'avoir pas repris toutes les propositions des citoyens. En privé, Emmanuel Macron se garde bien de donner son opinion mais il l'assure : « ma conviction, c'est qu'il faut bouger » sur la fin de vie.

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