Politique, le choix de la semaine

Retraites: le gouvernement français entre dans le dur

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Après la première mobilisation syndicale contre la réforme des retraites qui a lancé les hostilités cette semaine, comment l'exécutif va-t-il gérer la situation ? Plus d'un million de personnes dans la rue du premier coup, cette fois-ci le conflit sur les retraites est entré dans le dur.

Des milliers de manifestants dans les rues de Paris le 19 janvier 2022.
Des milliers de manifestants dans les rues de Paris le 19 janvier 2022. AP - Lewis Joly
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C'est la fin du round d'observation et le début du combat. Un député de la majorité le concède, « les syndicats ont réussi à mobiliser, on va vers un mouvement long, dur » puis il ajoute, « mais au sein de la majorité, on ne se sent pas sous pression ». Une manière de dire, on attend de voir comment les choses vont évoluer, il est trop tôt pour s'affoler. Mais il y a tout de même des points de vigilance. Un ministre très concerné par le mouvement explique qu'il faut « surveiller les actions ciblées et radicalisées », dans le viseur, les coupures d'électricité, le blocage des raffineries par exemple. La consigne a aussi été passée aux ministres d'être très attentifs à ce que des textes qui produisent de la « querelle » ne sortent pas en ce moment de manière inopinée des tiroirs d'une administration trop zélée. Objectif : éviter toute source de coagulation des mécontentements.

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Et pendant ce temps, le texte continue son chemin vers l'Assemblée nationale

Après la présentation du projet de loi en conseil des ministres, le débat parlementaire qui commence début février, c'est la prochaine grande bataille, celle que le gouvernement voudrait gagner sans dégainer le 49.3, souvent assimilé à un passage en force et dont l'usage pourrait raviver la contestation dans la rue. La stratégie, c'est d'utiliser un autre article de la Constitution le 47.1, qui permet pour les textes budgétaires de couper court au débat à l'Assemblée au bout de vingt jours et d'envoyer le projet de loi initial directement au Sénat sans que le vote ait eu lieu, pour ensuite trouver un accord final en commission mixte paritaire avec l'aide des Républicains. Quitte à faire quelques « bougés » -c'est le terme qu'on emploie dans la majorité-  sur les critères de pénibilité ou l'emploi des séniors auxquels tiennent les députés de droites.

La réforme ira-t-elle au bout quoi qu'il en coûte ?

C'est en tout cas l'intention affichée par Emmanuel Macron lui-même. « Le président a un attachement profond à mener cette réforme, c'est un inachevé du premier quinquennat », explique un député. L'abandonner, cela reviendrait à renoncer à réformer pour la suite du mandat. L'objectif, c'est donc de tenir et de faire adopter le texte. D'éviter d'être mis KO par la rue et de gagner le match des retraites à l'usure.

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