Retraites: l’union mouvementée de la gauche et des syndicats
Publié le :
Après dix jours de débats, l’Assemblée nationale n’est finalement pas allée au bout de l’étude de la réforme des retraites. Alors que le texte s'apprête désormais à arriver au Sénat, le mouvement de contestation se maintient et pourrait même prendre de l'ampleur début mars. Mais les derniers jours ont mis en lumière tensions et divergences stratégiques entre les syndicats et les partis de la Nupes, en particulier La France insoumise.
Sur le papier, tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes entre les syndicats et la Nupes. « On se parle tous les jours », se félicite le député Boris Vallaud chargé de l’interface pour les socialistes. « Nous sommes complémentaires, chacun dans son couloir », renchérit son homologue Insoumise, Aurélie Trouvé.
Sauf que les lignes de ce couloir ont tendance à être mordues de part et d’autre, et ce, depuis le début de la mobilisation. Premier accroc : « la marche pour nos retraites » organisée en janvier par La France insoumise (LFI), vécue par les syndicats comme une tentative de prise de contrôle du mouvement social et qui a accentué leur méfiance.
Des syndicats ont répliqué cette semaine en pesant de tout leur poids pour que soit soumis au vote l’article 7 de la réforme, qui repousse de 62 à 64 ans l’âge de départ à la retraite. Objectif : mettre les députés de la majorité et de la droite devant leurs responsabilités, mais aussi imposer leur stratégie à la Nupes.
Jean-Luc Mélenchon en colère
Le leader Insoumis s’est emporté contre les députés communistes souscrivant à la tactique des syndicats. Ce qui a évidemment crispé au PCF, mais aussi chez les autres alliés de la Nupes. « Mélenchon veut toujours imposer sa loi, c’est le saboteur du mouvement social », s’est ainsi agacée une députée écologiste.
Mais la partition jouée par les leaders syndicaux est aussi critiquée au-delà des Insoumis. Leur refus de s’afficher dans les manifestations avec les représentants des partis agace. Et leur stratégie d’influence dans la bataille parlementaire a été vécue comme un affront. « Quand Laurent Berger, le patron de la CFDT, me donne des ordres, ça me saoule, il ne connait rien la procédure parlementaire », maugrée ainsi un député communiste.
La pression désormais sur les syndicats
Oui, car ce sont eux qui reprennent la main. Ils menacent de bloquer la France à partir du 7 mars, si le gouvernement ne renonce toujours pas à la réforme. « Trop tard », regrette-t-on dans les rangs Insoumis. Le blocage du pays, Jean-Luc Mélenchon le préconisait dès le début de mouvement.
Mais La France Insoumise veut enterrer la hache de guerre et a décidé de tendre la main aux syndicats. LFI souhaite organiser un grand meeting commun pour afficher l’union et désamorcer les tensions. Pas de réponse des leaders syndicaux pour l’instant.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne