Interviews en plein vol: attention aux turbulences
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Une interview a agité l'actualité française et internationale cette semaine : celle d'Emmanuel Macron à trois médias pendant son voyage retour de Chine. Le président français a appelé l'Union européenne à ne pas être « suiviste » de Washington ou Pékin sur la question de Taïwan. Des propos tenus à 10 mille pieds dans l'avion présidentiel. Y a-t-il une malédiction des interviews en plein vol ? Parler au-dessus des nuages n'a pas toujours porté chance aux hommes politiques.
Le cas le plus frappant est celui de Lionel Jospin. En mars 2002, le Premier ministre socialiste de l'époque est en campagne. Le candidat à la présidentielle rentre d'un déplacement sur l'île de la Réunion. Et se lâche sur son adversaire, un certain Jacques Chirac. « Vieilli... usé... passif... » Ses mots déclenchent un énorme pataquès dès que Lionel Jospin - et les journalistes qui l'accompagnent - posent le pied à Paris.
D'autres polémiques entre ciel et terre
En février dernier, La petite phrase d'Emmanuel Macron, « il ne faut pas écraser la Russie » fait du bruit. Emmanuel Macron l'avait glissée à quelques journalistes dans son Falcon de retour de Munich. Parler à la presse en vol, c'est une habitude pour l'actuel président. Les micros de RTL ou France Inter l'ont déjà eu en interview à bord de l'A330 présidentiel, tout comme Le Figaro, Valeurs Actuelles et d'autres. Mais jamais RFI.
En apesanteur
En plein vol, les journalistes sont souvent invités pour un moment avec la personnalité politique qu'ils accompagnent. Edouard Philippe, Elisabeth Borne, Nicolas Sarkozy, François Hollande ont eux aussi fait des confidences en altitude. Un vol, c'est un moment en apesanteur, un temps suspendu avec une certaine proximité à bord. Les barrières tombent entre journalistes et conseillers. Et les responsables politiques eux aussi baissent parfois la garde. Sans compter la fatigue, un mot de travers est vite arrivé.
De bonnes images
Emmanuel Macron aime se mettre en scène dans son avion. C'est le cas depuis ses premiers mois à l'Elysée. Les caméra de France 2 et de BFMTV ont même été invitées dans la salle de réunion de l'appareil entre New York et Paris. Se faire filmer dans les airs, c'est une façon d'afficher un signe extérieur de pouvoir : un président dans son avion présidentiel, son palais de l'Elysée du ciel.
Une pratique franco-française ?
D'autres chefs d'Etat le font aussi. L'ex-président américain Donald Trump ou encore l'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson. Mais l'un des plus fervents adeptes de ces conférences de presse en plein vol habite au Vatican. Le pape Jean-Paul II avait lancé cette tradition reprise par tous ses successeurs. Et certains n'ont pas échappé à un crash de communication. En 2009, en route pour le Cameroun, Benoît XVI a déclenché une bronca en affirmant que le préservatif « aggravait le problème » du sida. La malédiction n'épargne pas les souverains pontifes.
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