Le jeu trouble du camp présidentiel face au Rassemblement national
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À quoi joue le camp présidentiel ? Zoom sur les rapports, complexes, qu'entretient Renaissance avec le Rassemblement national. Ces dernières semaines, la Macronie fait preuve d’une certaine mansuétude à l’égard du parti de Marine Le Pen. Alors, le RN serait-il devenu un parti comme les autres ?

Il y a des mots qui ne trompent pas. Ceux de Yaël Braun-Pivet notamment. « Ce n’est pas un bon mais un très bon vice-président » : voilà ce que la présidente Renaissance de l’Assemblée a répondu à un journaliste qui préparait le portrait de Sébastien Chenu, député RN, bras droit de Marine Le Pen et vice-président de l'Assemblée. Ces propos datent de plusieurs mois mais ils ont été exhumés il y a quelques jours par nos confrères du Figaro. Et la pilule ne passe pas à gauche. Le député insoumis Thomas Portes accuse la Macronie de « marcher main dans la main avec l'extrême droite ». Réponse de Yaël Braun-Pivet, dans les colonnes du journal Ouest-France : « Celui ou celle qui est au perchoir n’a pas d’étiquette, il doit se hisser à hauteur de la fonction. »
Le RN, une étiquette comme les autres ?
En clair, le Rassemblement national est une étiquette comme les autres. Et le parti a bel et bien sa place dans les institutions. Le positionnement de Yaël Braun-Pivet est le fruit d'une double pression. Celle de Marine Le Pen, d'abord, qui fait tout depuis des années pour se construire une image républicaine, bien éloignée de celle de son père : en lissant son discours, en refusant le qualificatif « d’extrême-droite ». Et puis, la pression des urnes. La majorité n’a en réalité pas vraiment d’autre choix que de « traiter », comme on dit en politique, les élus RN. Car 88 députés, ça pèse. Dernier exemple en date mercredi 7 juin, en commission des Affaires étrangères où les députés Renaissance se sont volontairement abstenus au moment de voter pour élire un secrétaire. Résultat : c’est un député RN qui a été élu face à un député écologiste. Ce n’est pas la première fois que les Macronistes permettent l’élection d’un député RN dans les instances de l’Assemblée. « Il faut respecter l’équilibre des forces », nous dit-on.
La « digue » plus tout à fait étanche
Emmanuel Macron, non plus, ne sait visiblement plus trop sur quel pied danser. Il est bien loin le temps où le Président - encore candidat - s'érigeait en rempart contre l'extrême-droite. La semaine dernière en conseil des ministres, devant l’ensemble du gouvernement, le Président de la République recadre la Première ministre, c'est en tout cas ce que beaucoup de participants ont compris. « On ne combat pas l’extrême-droite avec des arguments moraux », lance-t-il alors que quelques jours plus tôt, Elisabeth Borne avait qualifié le Rassemblement national d’« héritier du maréchal Pétain ». Dans la majorité, les plus ardents combattants de l’extrême droite sont abasourdis. « C’est un cadeau à Marine Le Pen », nous glisse un ministre. L’Elysée a tenté de rectifier le tir : ce n'était pas un jugement de valeur. Mais quoi qu'il en soit, la fameuse « digue » longtemps érigée contre l'extrême-droite n'est plus tout à fait étanche.
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