La Nupes face au piège de la radicalité
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Être radical est-il la bonne formule politique pour la Nupes ? Un an après sa création, l'union de la gauche et des écologistes n'a pas réussi à trancher ce débat. Car deux camps s'opposent : d'un côté socialistes, communistes et la majorité des écologistes qui revendiquent une radicalité sur le fond mais pas sur la forme et des Insoumis qui défendent leur tactique de bruit et de fureur, ce qui a beaucoup crispé ces derniers mois.

On se souvient notamment du mot « assassin » lancé par le député insoumis Aurélien Saintoul au ministre du Travail, Olivier Dussopt, lors des débats sur la réforme des retraites. Ce qui avait provoqué une vive réaction du président du groupe communiste André Chassaigne, « choqué et blessé » par ces propos.
Un incident minimisé par le camp insoumis, mais qui a laissé des traces. La « radicalité » de LFI et, par capillarité, de la Nupes est devenue le principal angle d'attaque de l'alliance présidentielle, mais aussi du Rassemblement national, qui, lui, surjoue l'apaisement et la normalité. Au point que le RN apparaisse dans certains sondages comme moins menaçant que la Nupes. « Nous n'avons pas encore trouvé la bonne méthode » d'expression collective, euphémise ainsi la patronne des députés écologistes Cyrielle Châtelain.
Des partenaires inquiets, mais La France insoumise persiste et signe
Pour le député LFI Mathias Tavel, il y a une aspiration de la société à la radicalité et son mouvement ne fait que la canaliser. Tout en assumant que les Insoumis « ne cherchent pas à plaire » à tout prix. « Si être respectable, c'est être comme les autres, ça ne nous intéresse pas ». La France insoumise estime en effet que créer du clivage permet à terme d'arriver à la rupture qu'elle souhaite.
L'ancien directeur de cabinet de Jean-Luc Mélenchon prend l'exemple du débat sur la VIe République, qui est revenu sur le devant de la scène avec les passages en force à répétition de l'exécutif à l'Assemblée nationale face aux blocages largement coordonnés par les Insoumis. « La tactique », résume-t-il, « c'est enfoncer la porte à coups de pied » pour faire avancer les idées. Et « face à la brutalité de Macron », renchérit son collègue Paul Vannier, « ce n'est pas le moment de jouer les cravatés ».
Quelques doutes quand même à LFI
Le député insoumis Eric Coquerel estime ainsi qu'il faut savoir éviter le piège de la radicalité tendu par les adversaires politiques. « On doit être radical-malin », sourit le président de la commission des finances. « C'est vrai que parfois, on ne voit plus que les coups » et « ça efface un peu notre travail de proposition », reconnaît Mathias Tavel. Pas question pour autant de basculer dans « les jours heureux » du communiste Fabien Roussel ou « la chaude espérance » de l'électron libre François Ruffin, qui défendent un style moins clivant. « L'horizon de bonheur, d'accord », concède Mathias Tavel, « mais cela passe par un peu de bruit et de fureur ».
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