Loi immigration: une tribune sème le trouble dans la Nupes
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C’est l’un des textes majeurs de l’année parlementaire qui s’ouvre. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin veut parvenir à trouver une majorité pour sa loi immigration. Mais le camp présidentiel est divisé sur le sujet et les oppositions ont des positions tellement antagonistes qu’il paraît difficile de les rapprocher. Un petit espoir de rallier une partie de la Nupes a émergé la semaine passée avec une tribune transpartisane publiée dans la presse, mais l’union de la gauche est partagée.

« C’était une erreur de signer cette tribune avec des élus macronistes qui ne sont là que pour se donner un vernis humaniste » : la sentence est irrévocable et elle est signée du député écologiste Aurélien Taché. Le texte, qui appelle à maintenir la régularisation de sans-papiers pour les métiers en tension en France, a semé la zizanie à la Nupes. Car, explique le député LFI Andy Kerbrat, qui a participé aux discussions autour de la rédaction de cette tribune avant de s’en retirer, « nous avons compris au bout d’un moment que l’objectif de cet appel à la régularisation n’était là que pour faire passer le texte ». Or celui-ci penche trop à droite pour la gauche qui cite la facilitation de l’expulsion de sans-papiers.
Des stratégies divergentes dans la Nupes
Les signataires défendent toutefois leur décision. « Il fallait bien mettre le pied dans la porte », justifie une proche conseillère du patron des communistes Fabien Roussel. « La position officielle du PCF c’est la régularisation de tous les sans-papiers, mais », explique-t-elle, « on est dans l’opposition, minoritaires, et si on veut obtenir au moins quelques avancées, il faut jouer le jeu des compromis ». Dit autrement par la députée écologiste Sabrina Sebaihi, également signataire, « on demande beaucoup pour avoir un peu ».
Mais les signataires revendiquent un autre aspect de cette stratégie : mettre l’aile gauche de la Macronie face à ses contradictions. « On ne peut pas vouloir des régularisations et voter en faveur de mesures ultra-répressives ». L’objectif c’est surtout que ce texte n’aboutisse jamais, murmure-t-on dans la Nupes, « car personne chez nous ne le votera dans son intégralité et la droite et l'extrême droite n'en voudront pas s'il inclue les régularisations ».
Qui manipule qui ?
« Ceux qui pensent enterrer le texte se trompent », juge l’Insoumis Andy Kerbrat, « car Gérald Darmanin se moque bien de cette initiative transpartisane ». Sabrina Sebaihi le reconnaît d’ailleurs, la tribune a d’abord « mis le bordel dans la Nupes ». Et c’était aussi l’objectif, reconnaissent des signataires du camp Macron.
Pour LFI, le but est maintenant de « ramener tout le monde à la raison » et que la Nupes vote unanimement « contre » le texte. Mais l'écologiste Aurélien Taché s’inquiète : si les « naïfs » qui ont cru à la main tendue vont selon lui se raviser, les « cyniques » qui font des clins d’oeil à l’électorat Rassemblement national, comme le communiste Fabien Roussel, pourraient jouer le jeu de dupes jusqu’au bout.
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