Politique, le choix de la semaine

Marche contre l'antisémitisme: quand les politiques s'en mêlent

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Depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, les actes antisémites ont connu une très forte augmentation en France, plus de mille en un mois, deux fois plus qu'au cours de l'année 2022. Face à cette situation inquiétante, les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, ont voulu prendre une initiative en appelant à une marche citoyenne contre l'antisémitisme. Mais les stratégies politiques des partis ont pollué le message.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le président du Sénat Gérard Larcher.
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le président du Sénat Gérard Larcher. © Reuters/Benoit Tessier/AFP/Christophe Archambault/Montage RFI
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Ce que voulaient Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, c'était provoquer un sursaut populaire, défendre les valeurs de la République, dire non à l'antisémitisme et pas créer des polémiques. Mais c'était sans compter sur la capacité des partis politiques à mettre le ver dans le fruit.

Marine Le Pen a lancé les hostilités en annonçant tout de suite sa participation à cette marche. Un contre-pied pour la fille de Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front national condamné plusieurs fois pour des propos antisémites. Un contre-pied destiné à faire avancer un peu plus le processus de respectabilisation du Rassemblement national et gagner des voix en se présentant comme l'amie des juifs.

Un positionnement à l'opposé de celui de Jean-Luc Mélenchon, qui convoite le vote des musulmans et dont certaines prises de position récentes ont été plus qu'ambigües sur l'antisémitisme. Le leader des Insoumis a d'ailleurs été le premier à saisir le prétexte de la présence du RN pour refuser de se rendre à la marche.

« Cordon républicain »

Et la question, c'est devenu : « Faut-il participer à une marche aux cotés de Marine Le Pen ? » Les socialistes, les écologistes, les communistes, ont dit « oui », il faut défiler mais en mettant en place un « cordon républicain » pour ne pas se mélanger au RN, déclaré persona non grata par le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, selon lequel ce parti « n'a pas sa place dans cette manifestation ».

Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher ont, eux aussi, dû se positionner. Ils seront en tête du cortège, pas à côté de Marine Le Pen, autant de prises de position pour renvoyer le RN au diable d'antan et lui recoller le sparadrap de son héritage antisémite. Un héritage que Marine Le Pen a encore essayé d'enterrer cette semaine en rappelant que sa rupture politique avec son père était liée à ses propos sur la Shoah.

Pas d’unité nationale

Les confrontations politiques ont éclipsé l'objectif de la marche. Emmanuel Macron y a aussi participé en taclant ceux qui « restent ambigus sur l'antisémitisme par souci de flatter le communautarisme », LFI donc, et ceux qui « confondent rejet des musulmans et soutien des juifs », le RN, renvoyant ainsi dos à dos ses deux principaux adversaires. Pour les uns et les autres, l'affirmation des convictions a servi les manœuvres électorales plus que l'unité nationale.

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