Questions d'environnement

Pourquoi produit-on toujours plus de sources d'énergie fossile?

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À rebours des objectifs climatiques, l’humanité ne cesse d’extraire des ressources fossiles. Un rapport sous l’égide des Nations unies, publié ce mercredi 8 novembre, révèle en effet que la production mondiale sera toujours deux fois supérieure en 2030 à ce que permet l’accord de Paris afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle.

La fracturation hydraulique consiste à extraire du pétrole et des gaz emprisonnés dans le sous-sol en injectant des fluides à forte pression pour fracturer les roches, comme ici à Signal Hill, près de Los Angeles en Californie. [Image d'illustration]
La fracturation hydraulique consiste à extraire du pétrole et des gaz emprisonnés dans le sous-sol en injectant des fluides à forte pression pour fracturer les roches, comme ici à Signal Hill, près de Los Angeles en Californie. [Image d'illustration] AFP - FREDERIC J. BROWN
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Le GIEC ou encore l'Agence internationale de l'énergie sont clairs : pour respecter les engagements climatiques internationaux, il ne doit plus y avoir de nouveaux projets d’extraction de ressources fossiles. Pourtant, à lire le Production gap report, la trajectoire suivie est diamétralement opposée : les gouvernements ne comptent pas d’arrêter de produire, ils souhaitent même le faire encore plus. Ce travail révèle en effet que les projets déjà annoncés entraînent ainsi une hausse de la production de charbon jusqu’en 2030. Le gaz et le pétrole devraient quant à eux voir leur production croître jusqu’en 2050 au minimum.

Quelque 90 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone, le premier responsable du réchauffement climatique, viennent pourtant de la combustion des ressources fossiles. C’est là le paradoxe : les États prennent des engagements pour réduire leurs émissions, sans mettre les mettre en adéquation avec une baisse nécessaire de la production fossile. Les États-Unis ont par exemple extrait plus de 13 millions de barils de pétrole quotidiennement en septembre dernier, un record.

En conséquence, l’écart de production, qui représente l’écart entre les ressources qu’il faudrait laisser dans le sous-sol et ce qui en est prélevé, ne s’améliore pas. Cela n’explique notamment par le fait que rien n’oblige réellement les états à prendre des mesures en ce sens, l’Accord de Paris sur le climat n’étant pas contraignant. « Ce n'est donc pas très surprenant de voir que cet écart n'évolue pas », explique Ploy Achakulwisut, l’une des autrices de ce rapport et membre de l’Institut de l’environnement de Stockholm. « Très peu de gouvernements mettent en accord leur production de combustibles fossiles avec les objectifs climatiques. Quand on regarde les perspectives de production, on voit que de nombreux pays espèrent en fait être les derniers producteurs. Le Brésil a l'intention de devenir le 4e producteur de pétrole au monde. Les pays du Moyen-Orient veulent être ceux qui en extrairont l'ultime goutte, précise-t-elle. Il y a cette déconnexion entre les aspirations de ces gouvernements à extraire toujours plus et leurs engagements à atteindre l'objectif de 0 émission de CO2. » 

C’est dans ce contexte, et à quelques semaines de l’ouverture de la COP28 sur le climat aux Émirats arabes unis qu’est publié ce travail. Faut-il en attendre quelque chose ? Ploy Achakulwisut reste optimiste et prend pour exemple la COP26, en 2021. Pour la première fois, une sortie du charbon état abordée dans la déclaration finale. En sera-t-il de même pour le gaz et le pétrole à Dubaï ? Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais les COP ont déjà été le lieu de nombreuses surprises.

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