En Grèce: la parentalité après la légalisation du mariage homosexuel
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Comment évolue la parentalité en 2024 ? Hier, nous vous parlions des nouveaux papas au Sénégal. Direction ce dimanche la Grèce. Au mois de février, elle a été le premier pays à majorité orthodoxe à légaliser le mariage homosexuel. Portée par le gouvernement conservateur du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, la nouvelle loi est entrée en vigueur neuf ans après l’instauration d’un pacte d’union civile, l’équivalent du PACS en France. La PMA n’est pas autorisée, mais cette évolution du droit de la famille peut changer la vie des parents de même sexe qui ont déjà des enfants. Même si, pour eux, c’est une nouvelle bataille administrative qui commence. Éclairages à Athènes de Joël Bronner.

En Grèce, la puissante église orthodoxe a eu beau affirmer son « opposition totale » au mariage homosexuel, rien n’y a fait. La loi grecque offre à présent une définition élargie de la famille par rapport à la seule vision traditionnelle — une mère, un père, des enfants — défendue par le clergé. « LGBTI+, droits et libertés », c’est le titre du livre juridique que vient tout juste de publier l’avocat Vasilis Sotiropoulos : « Le gros changement qu’introduit cette loi sur l’égalité devant le mariage, c'est que tout ce qui s’appliquait dans le cadre du mariage traditionnel vaut désormais aussi pour les couples de même sexe. Donc, puisque les couples hétérosexuels mariés peuvent adopter des enfants ensemble, c’est aussi de cette façon que les couples homosexuels peuvent s’y prendre, s’ils se marient, pour être reconnus, tous les deux, comme les parents de leurs enfants. »

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Sur la question du mariage homosexuel, l’avocat veut croire qu’à l’avenir, l’Église orthodoxe assouplira ses positions, comme l'Église anglicane ou certaines paroisses allemandes ont commencé à le faire. En attendant, c’est à la mairie que ça se passe : « Personnellement, j’ai eu le grand plaisir d’être témoin à l’occasion du premier mariage homosexuel qui a été célébré à la mairie d’Athènes. Deux de mes très chers amis, un avocat et un écrivain bien connu se sont mariés ici, c’était un mariage très touchant. Cela fait 20 ans qu’ils sont ensemble. Après avoir officialisé leur relation une première fois avec une union civile, ils ont pu refaire cette même démarche d’officialisation, mais cette fois-ci avec le mariage. »
Avant même ce premier mariage athénien, quinze jours seulement après la nouvelle loi, Stavros Gavriliadis et son compagnon — ensemble depuis vingt ans – ont été le premier couple homosexuel à se marier en Grèce. Le médecin allergologue a un enfant de sept ans, son partenaire des jumeaux de quatre ans. Ils vivent sous le même toit, mais jusqu’à présent, la société grecque les considère comme deux familles différentes : « Nous nous sommes précipités pour nous marier les premiers. Pas pour le mariage en tant que tel, mais pour les enfants. Notre vie de famille est centrée sur les enfants : que vont manger les enfants ? Comment vont jouer les enfants ? Quand pourra-t-on reconnaitre nos enfants ? On finit par se négliger nous-mêmes. Donc, on s’est dit super, le mariage est mis en place, courrons, nous marier et devenons officiellement les deux parents des enfants. Nous attendions ça depuis des années. »
Le mariage, c'était la partie « facile », explique le médecin, qui précise que c’est au niveau des procédures d’adoption des enfants de son partenaire — et vice-versa – que les ennuis ont commencé. Services sociaux en sous-effectifs et non formés, homophobie… Il apparente la démarche à l’adoption d’un enfant issu d’une institution sociale, alors que tous vivent déjà ensemble. Encore un an ou deux à attendre, estime-t-il : « Le mariage, c'était juste moi, mon partenaire et cinq autres personnes. C’était extrêmement rapide et informel. Ensuite, on est tous allés manger au restaurant entre nous. Nous n’avons pas fait de fête. Nous ferons la fête dès que nous serons reconnus comme les deux parents de nos trois enfants. C’est ce que nous avons dit à tous nos amis : dès que les enfants porteront nos deux noms de famille, dès que la mairie nous transmettra des papiers en règle attestant que nous ne formons plus qu’une seule et famille, alors là, on fera une énorme fête ! »
Une aubaine pour leur petite fille de 4 ans, qui voulait justement savoir, à l’issue de la première cérémonie, en mars, quand est-ce que ses deux papas allaient « à nouveau » se marier ?
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